Deux études précliniques publiées dans Nature et Nature Metabolism mettent en évidence des mécanismes par lesquels les régimes alimentaires restrictifs, tels que la restriction calorique journalière et/ou la restriction du temps de prise alimentaire, peuvent agir contre le cancer.
L’équipe de Nuno Padrão à l’Institut du cancer des Pays-Bas (The Netherlands Cancer Institute) montre, dans un modèle murin de cancer du sein positif aux récepteurs des œstrogènes alpha (ERα), que le jeûne associé à une restriction calorique permet d’améliorer l’efficacité de l’hormonothérapie et de retarder l’apparition de résistances au traitement. En parallèle, l’équipe du Brandon Oswald du Van Andel Institute (États-Unis) révèle que la restriction calorique ralentit la progression tumorale dans plusieurs modèles murins de cancer.
Une action médiée par les glucocorticoïdes seulement dans le cancer du sein ERα+
L’équipe de Nuno Padrão a découvert que le jeûne intermittent, en induisant des changements épigénétiques, réduisait l’expression des gènes promoteurs de tumeur et augmentait, via le récepteur des glucocorticoïdes (GC), l’expression de gènes suppresseurs de tumeur. Or, la signalisation médiée par l’activation des GC est un mécanisme particulièrement puissant de suppression du cancer dans les cancers ERα+.
Cependant, les auteurs estiment que dans d’autres sous-types de cancer du sein, l’effet de l’activation des récepteurs GC pourrait être inexistant, voire avoir l’effet inverse. « Dans le cancer du sein triple négatif par exemple, l’activation du récepteur GC encourage l’expansion tumorale, expliquent-ils. Ceci pourrait expliquer pourquoi des essais évaluant l’intérêt d’un traitement par glucocorticoïdes dans le cancer du sein (conduits avant que ne soit faite la classification des cancers du sein par type de récepteurs hormonaux) n’aient livré que des résultats peu concluants ».
Les scientifiques néerlandais estiment que des molécules qui activent les récepteurs GC comme la dexaméthasone pourraient mimer les effets anti-tumoraux du jeûne et améliorer ainsi l’efficacité de l’hormonothérapie dans les ERα+, sans nécessité de jeûner. Toutefois, les effets secondaires des corticostéroïdes étant probables, les auteurs proposent également de s’intéresser aux modulateurs du récepteur GC comme le vamorolone, autorisé dans la myopathie de Duchenne. Les analogues du GLP-1 (aGLP-1) pourraient aussi avoir des effets intéressants. La reprogrammation métabolique qu’ils induisent « mimerait le jeûne » et induirait des effets anti-cancer. Les aGLP-1 participent, de plus, à réduire les taux sériques d’insuline, de leptine et d’IGF1, comme le jeûne.
Le jeûne pour agir sur le micro-environnement tumoral
L’équipe du Van Andel Institute a, quant à elle, identifié un autre effet de la restriction alimentaire calorique chez les souris. Ce type de régime encouragerait l’immunité anti-tumorale en optimisant les populations de lymphocytes T CD8+ dans le micro-environnement tumoral. Ces cellules seraient alors reprogrammées pour favoriser l’expansion de cellules T effectrices possédant « des compétences métaboliques et cytotoxiques » et limiter l’accumulation de cellules T « épuisées ». En complément d’une immunothérapie anti-PD1, la restriction calorique permettrait également d’augmenter la réponse anti-tumorale des cellules T et de limiter la progression de la tumeur.
Les CD8+ pouvant être altérés du fait de l’exposition chronique aux antigènes tumoraux, au stress hypoxique, à la signalisation PD1 et à l’environnement inflammatoire, la restriction calorique pourrait constituer un outil complémentaire intéressant.
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