Après une gastroentérite, le syndrome de l’intestin irritable peut persister quatre ans ou plus

Par
Publié le 22/07/2024
Article réservé aux abonnés

Une étude publiée dans « Gut » estime qu’après une gastroentérite aiguë, le syndrome de l’intestin irritable peut durer jusqu’à quatre ans ou plus chez environ la moitié des personnes.

Trouble fonctionnel de plus en plus rencontré, le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou colopathie fonctionnelle peut s’installer après une infection intestinale aiguë, notamment une gastroentérite aiguë (GEA). Si le syndrome peut disparaître de lui-même en quelques mois, cette étude publiée dans Gut montre que, dans plus de la moitié des cas, il subsiste jusqu’à quatre ans ou plus.

La physiopathologie du syndrome reposant sur l’inflammation de l’intestin et la dysbiose, les auteurs indiquent que « les bactéries “agressives” et pro-inflammatoires, telles que les protéobactéries et les entérobactéries, ainsi que le Sars-CoV-2 pourraient être à l'origine de ce phénomène ». Ils rajoutent que « la physiopathologie des troubles de l'interaction intestin-cerveau est mal comprise et qu’ils sont traditionnellement perçus par les professionnels de santé comme des maladies essentiellement psychologiques avec le risque de sous-estimer les attentes et les plaintes des patients ».

Pour leur méta-analyse, les auteurs ont retenu 47 études publiées sur le développement du SII ou de la dyspepsie fonctionnelle (mauvaise digestion durable, pouvant être associée au SII) après un épisode de GEA chez des personnes suivies pendant au moins trois mois après l'épisode (n = 28 170). Les études concernaient principalement des personnes d’Europe et d’Amérique du Nord.

Une prévalence du SII après GEA de 14,5 %

La méta-analyse retrouve une prévalence du SII après un épisode de GEA de 14,5 % et de la dyspepsie fonctionnelle de 12,7 %. Les virus étaient impliqués dans 10,7 % des cas de GEA dans 13 études (n = 3 585), les bactéries dans 18,3 % dans 20 études (n = 7 050) et les parasites dans 30,1 % dans deux études (n = 779) ; la prévalence la plus élevée de SII après GEA, 20,7 %, concernait l’infection par Campylobacter.

La prévalence de la dyspepsie fonctionnelle après GEA était de 14 % pour les infections bactériennes dans quatre études (n = 759 personnes) et de 10 % pour le Sars-CoV-2 dans cinq (n = 1 269 personnes) et les espèces Enterobacteriaceae étaient la source d'infection la plus fréquente (19,4 %). Les personnes qui avaient eu une GEA étaient 4,3 fois plus susceptibles que les autres de développer un SII et trois fois plus de développer une dyspepsie fonctionnelle. Enfin, la probabilité de SII était 5,4 fois plus élevée après une infection par une protéobactérie, 4 fois plus après une infection par une entérobactérie et 5,4 fois plus après une infection par le Sars-CoV-2 ou des parasites.

Anxiété, diarrhée prolongée, sexe féminin

Les données des études indiquent que les symptômes de SII persistaient entre 6 et 11 mois chez 50 % des sujets dans cinq études, entre 1 et 4 ans chez 52 % des sujets dans trois études, et plus de 5 ans chez 39,8 % des sujets dans quatre études. En revanche, les données étaient insuffisantes pour la dyspepsie fonctionnelle.

Leur revue systématique de la littérature a également montré que les antécédents d’anxiété étaient associés à un risque 3,5 fois plus élevé de SII après GEA, une diarrhée de plus de trois semaines à un risque 2,5 fois plus élevé, l'admission à l'hôpital à un risque accru de 65 % et le sexe féminin à un risque de 59 %. La dépression, la prise d’antibiotiques, la présence de sang dans les selles et la fièvre n’étaient pas significativement associées avec un risque augmenté ou diminué de SII.


Source : lequotidiendumedecin.fr