La colchicine s’invite dans la maladie coronaire
Déjà proposée dans certaines péricardites, la colchicine pourrait bientôt faire partie de l’arsenal thérapeutique du coronarien. C’est ce que suggère l’étude Colcot (COLchicine Cardiovascular Outcomes Trial) dont les résultats ont soulevé l’enthousiasme lors du dernier congrès américain de cardiologie (AHA, Philadelphie 16-18 Novembre). Au moment de son lancement, cet essai avait suscité certaines interrogations du fait de l’utilisation d’un vieux médicament, la colchicine dans les syndromes coronaires aigus. Finalement, « elle confirme l’hypothèse de base, à savoir la participation de la micro-inflammation chronique dans l’athérosclérose et en particulier dans la déstabilisation des plaques, et montre qu’en la contrant par un médicament bien connu et bien toléré on diminue significativement les complications cardio et cérébro-vasculaires », se félicite le Pr François Roubille*.
Cette étude internationale, très bien menée au plan méthodologique, a randomisé en double-aveugle 4 800 patients (dont un peu plus de 1 000 en France) dans le mois suivant un IDM, pour recevoir de la colchicine à faible dose (0,5 mg/j) ou le placebo. Après un suivi moyen de 22,6 mois, les évènements du critère primaire – décès cardiovasculaires, arrêt cardiaque, IDM, AVC, revascularisation coronaire en urgence – sont réduits de 23 % (p=0,02), avec en particulier une baisse de 74 % des AVC et de 50 % des revascularisations coronaires urgentes.
Colcot valide l’hypothèse soulevée par l’étude Cantos menée avec une biothérapie, mais cette fois-ci chez des coronariens moins stables, et avec un coût infiniment moindre (200 000 dollars par an et par patient dans Cantos !) et une bien meilleure tolérance, puisqu’on note essentiellement des flatulences et de rares pneumopathies non graves. On attend que ces résultats soient intégrés dans les recommandations. Il reste aussi à comprendre exactement le mécanisme d’action de la colchicine et de ses effets pléiotropes. Une étude menée avec la colchicine en prévention primaire chez des patients à très haut risque devrait débuter prochainement.
Un inhibiteur du SGLT2 pour l’insuffisance cardiaque
Autre médicament « transfuge » : la dapagliflozine. Développé initialement pour le traitement du diabète, cet inhibiteur de SGLT2 avait déjà montré son intérêt chez l’insuffisant cardiaque – qu’il soit ou non diabétique – dans l’étude DAPA-HF.
Une nouvelle analyse en sous-groupe s’est intéressée spécifiquement aux insuffisants cardiaques non diabétiques. Les résultats présentés à Philadelphieconfirment les bénéfices observés dans cette population. L’essai avait inclus près de 4 800 patients, en classe II à IV de la NYHA, avec une fraction d’éjection ventriculaire (FEVG) ≤ 40 %, et un NT-proBNP élevé. Chez les non diabétiques, l’association de la dapaglifozine au traitement optimal a réduit significativement de 27 % les évènements du critère principal – aggravation de l’IC ou décès d’origine CV, de 15 % les décès d’origine CV et de 38 % l’aggravation de l’IC.
Toujours dans l’insuffisance cardiaque, les autres études en sous-groupes sur le Sacubitril-Valsartan n’apportent guère plus que ce qu’on savait déjà. L’association est très efficace lorsque la FEVG est altérée, et non dans les IC à FEVG préservée. Dans ce cas, elle n’aurait d’impact que chez les femmes, « peut-être en raison d’une physiopathologie différente et parce que cette population âgée et hypertendue est plus homogène que l’ensemble des patients atteints d’IC à fonction systolique préservée », suggère le cardiologue.
* D’après un entretien avec le Pr François Roubille, CHU de Montpellier, investigateur pour la France et coordonnateur pour la partie réglementaire sur l’Europe de l’étude Colcot
En bref...
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