Le liraglutide pour la perte de poids doit s’accompagner d’activité physique pour préserver la densité minérale osseuse

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Publié le 27/06/2024
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Une étude montre qu’un traitement par liraglutide seul pour la perte de poids expose à une réduction de la densité minérale osseuse chez des patients obèses.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Comment limiter la perte de densité minérale osseuse lors de la perte de poids ? Un essai clinique randomisé a comparé plusieurs stratégies de pertes de poids au regard de la densité minérale osseuse (DMO). Les chercheurs ont conclu que le traitement par analogues du GLP-1 (liraglutide) en combinaison à une activité physique permettait la perte de poids tout en conservant une DMO correcte. L’étude, menée par une équipe danoise, montre également que le traitement par liraglutide seul réduit la DMO sur des zones cruciales par rapport à l'exercice seul, malgré une perte de poids similaire. Ces résultats sont issus d’une analyse secondaire prédéfinie d’un essai clinique portant sur le maintien de la perte de poids après un régime hypocalorique au moyen d’exercice, d’un traitement par liraglutide ou les deux combinés, ils sont publiés dans le Jama Network Open.

La perte de poids est un axe thérapeutique central pour réduire les risques de santé associés à l’obésité ou à une situation de surpoids avec comorbidités. Ayant fait l’objet d’une extension d’indication pour la perte de poids chez ces patients, les analogues du GLP-1 révolutionnent leur prise en charge.

Près de 17 kg de perte de poids moyenne en associant activité physique et liraglutide

Cette étude s’est intéressée à la santé osseuse sur des sites cliniquement pertinents (hanche, colonne vertébrale et avant-bras) après une perte de poids induite par un traitement par liraglutide, un régime hypocalorique de 8 semaines (800 kcal/jour), suivi d'une intervention d'un an avec de l'exercice, ou les deux combinés. Les 195 participants inclus avaient en moyenne 42,84 ans, étaient à 64 % des femmes et avaient un IMC moyen de 37. Pour l’inclusion, les patients obèses (32 < IMC < 43) ne devaient pas souffrir de diabète. Les patients inclus après régime hypocalorique avaient perdu au moins 5 % de leur poids initial.

Après le régime hypocalorique, les participants ont été randomisés en quatre groupes pour suivre pendant 52 semaines : soit un programme d’activité physique (AP) d'intensité modérée à vigoureuse (« AP seule ») (n = 48), soit un traitement à la dose de 3 mg/jour de liraglutide (« liraglutide seul ») (n = 49), soit une combinaison d’AP et de liraglutide (n = 49), soit un placebo (n = 49). Le critère de jugement principal était le changement de la DMO au niveau de la hanche, de la colonne lombaire et de la partie distale de l'avant-bras entre le début du régime hypocalorique et la fin du traitement de 52 semaines mesuré par absorptiométrie biénergétique à rayons X (DXA) dans la population « en intention de traiter ». Les auteurs ont également mesuré les marqueurs de remodelage osseux.

Perte de poids, masse maigre renforcée et DMO préservée : l’activité physique irremplaçable

La variation moyenne totale estimée de la perte de poids au cours de l'étude était de 7,03 kg dans le groupe placebo, de 11,19 kg dans le groupe AP, de 13,74 kg dans le groupe liraglutide, et de 16,88 kg dans le groupe AP + liraglutide.

Les auteurs ont constaté dans le groupe AP + liraglutide que la DMO est restée inchangée par rapport au groupe placebo au niveau de la hanche (variation moyenne de -0,006 g/cm2) et du rachis lombaire (-0,010 g/cm2). De plus, la DMO a diminué dans le groupe liraglutide au niveau de la hanche et du rachis par rapport au groupe AP (variations moyennes : -0,013 g/cmpour la hanche et -0,016 g/cm2pour le rachis) ainsi que par rapport au groupe placebo (variation moyenne : -0,013 g/cm2). Ainsi, par rapport au placebo, le traitement AP + liraglutide a permis la plus grande perte de poids et de masse grasse tout en préservant les niveaux de DMO de la hanche, du rachis et de l’avant-bras, par rapport au groupe placebo. Le liraglutide seul a également permis une perte de poids, mais a entraîné une perte de la DMO au niveau de la hanche et du rachis par rapport au placebo et à l’AP seule. Enfin, l’AP seule a permis une perte de poids similaire à celle du liraglutide seul, mais cette fois avec une augmentation de la masse maigre et une protection de la DMO de la hanche et du rachis.

Un mot sur l’analyse principale

Après une perte de poids de 13,1 kg induite par le régime hypocalorique pour l'ensemble de la cohorte, le groupe placebo a repris du poids, les groupes activité physique (AP) et liraglutide ont maintenu leur amaigrissement ainsi qu’une réduction du pourcentage de masse grasse, et le groupe AP + liraglutide a perdu des kg supplémentaires et de la masse grasse en supplément. Le groupe AP a augmenté sa masse maigre pendant la période d'intervention d'un an tandis que le groupe AP + liraglutide a préservé la masse maigre malgré la réduction la plus importante de la masse grasse.



Source : lequotidiendumedecin.fr