Où en est la pratique de l’interruption volontaire de grossesse en France ? C’est la question a laquelle a voulu répondre l’enquête de la Drees sur «les interruptions volontaires de grossesse en 2013 », parue dans la revue « Etudes et résultats » datée de juillet 2015.
Il en ressort qu’en 2013, 229 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées en France, dont 217 000 en Métropole. Leur nombre est relativement stable depuis 2006 et varie peu chaque année. Il enregistre néanmoins une hausse de 10.000 entre 2012 et 2013, après deux années de légère baisse. Plus précisément,le nombre de recours à l’IVG est ainsi passé de 226 100 en 2010, à 222 200 en 2011 puis 219 100 en 2012.
Globalement, le taux de recours est de 15,6 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en France entière. La tranche d’âge des 20 à 24 ans reste la plus concernée, avec un taux de recours à 28,8. En revanche, chez les moins de 20 ans, les taux continuent à décroître avec 9,5 recours pour 1 000 jeunes femmes âgées de 15 à 17 ans (versus 10 en 2012) et il atteint 21,8 chez 18-19 ans (versus 22 en 2012). Les écarts régionaux quant à eux perdurent, avec des recours moyens toujours supérieurs à 18 IVG pour 1000 femmes en Ile-de-France, Provence - Alpes-Côte d’Azur, Corse, Languedoc-Roussillon et dans les DOM.
Selon les auteurs de ce rapport de la Drees, cette hausse du nombre d’IVG, y compris chez les plus jeunes, « ne s’explique pas principalement par un défaut de pilule contraceptive ». En 2013, d’après l’enquête Fecond qui analysait l’impact du débat médiatique à propos des pilules de troisième et quatrième génération sur les pratiques contraceptives, "seules 3% des femmes ni enceintes ni stériles, ayant des rapports hétérosexuels et ne voulant pas d’enfants n’utilisent aucune méthode de contraception". L’enquête Fécond, avait cependant constaté que le recours à la contraception orale a diminué, passant de 50% en 2010 à 41% en 2013, une partie des femmes ayant opté pour d’autres méthodes : préservatif ou techniques naturelles pour les moins diplômées, stérilet pour les plus diplômées.
L’enquête de la Drees s’est également penchée sur les lieux de réalisation des IVG : en 2013, 15% des IVG (et 25% dans les DOM) ont été réalisées en cabinet et 1% en centre de santé ou en centre de planification ou d’éducation familiale. De plus, la moitié des IVG réalisées en établissements hospitaliers sont des IVG médicamenteuses contre 10% en 1992. Celles ci ont augmenté depuis les années 2000, les IVG chirurgicales diminuant parallelement. En 2013, toutefois, le nombre des IVG chirurgicales en établissements a légèrement augmenté.
Cette évolution intervient alors que le cadre législatif est devenu plus favorable à l’IVG ces dernières années. L’étude le rappelle sans en tirer de conséquences : depuis le 31 mars 2013, l’IVG est pris en charge à 100% par l’Assurance maladie ainsi que les contraceptifs remboursables (pilule de première et deuxième génération, implants contraceptifs hormonaux et stérilets), pour les jeunes filles de 15 et 18 ans, dans toutes les pharmacies, sur présentation d’une ordonnance et de la carte vitale des parents. Le tarif payé aux établissements de santé pour le forfait d’IVG chirurgicale est revalorisé de 50% dans le secteur public. Dans le secteur privé, seule la partie hébergement a été revalorisée.
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