Le Généraliste Le nouveau test immunologique de dépistage du cancer colorectal a été mis à disposition des médecins le 14 avril 2015. Quel bilan d’étape pouvez-vous dresser aujourd’hui ?
Pr Agnès Buzyn : Plus de 3 millions de tests ont été commandés et livrés et 5 millions d’invitations ont été lancées. On devrait aboutir à la fin de l’année aux 11 millions d’invitations programmées. 460 000 tests ont été lus à ce jour, soit 50 000 par semaine. Nous avons atteint une vitesse de croisière qui est satisfaisante et conforme à nos projections. La dynamique est clairement engagée. On sait qu’entre le moment où les personnes reçoivent l’invitation et celui où elles vont chez leur médecin généraliste pour obtenir le test, il s’écoule en moyenne 3 mois. À distance des vacances d’été, le taux de participation augmentera encore certainement. Nous serons en mesure de répondre à cette demande car les deux centres de lecture du test sont en mesure de réaliser jusqu’à 12 000 analyses par jour.
Le test OC Sensor tient-il ses promesses ? Est-il aussi performant qu’on l’espérait ?
Dr Jérôme Viguier : Le test OC Sensor permet de détecter 2 à 3 fois plus de lésions précancéreuses et deux fois plus de cancers colorectaux que l’Hemoccult ®. Les résultats sur les 460 000 premiers tests lus à ce jour sont conformes aux prévisions, avec un taux de positif de 4,7% des tests réalisés, ce qui conduira à la réalisation de deux fois plus de coloscopies qu’avec le test précédent.
Entre le moment où l’Hemoccult® a été retiré du dispositif et celui où le test OC Sensor a été disponible, il s’est passé 2 mois. Les médecins et patients ont-ils été pénalisés ?
Pr Agnès Buzyn : Nous avons été confrontés à des difficultés dans la période de transition entre les deux tests : un retard pris du fait des recours déposés par les laboratoires qui ont candidaté à l’appel d’offres et qui n’ont pas été retenus, des problèmes de livraison, des problèmes d’acheminement des kits en outre-mer à la suite de formalités douanières plus complexes que prévues. Nous sommes conscients que toutes ces difficultés ont pu poser des problèmes aux médecins, nous les avons gérées le plus rapidement possible afin de ne pas compromettre le déploiement du nouveau test qui s’est fait malgré tout rapidement. Aujourd’hui, la quasi-totalité des médecins généralistes ont commandé des tests, 3 millions de kits ont été livrés. On peut donc penser que tous les médecins généralistes sont maintenant en mesure de répondre à la demande.
Dr Jérôme Viguier : Et les personnes qui auraient pu être pénalisées parce que la date anniversaire de leur dépistage coïncidait avec cette période de transition de deux mois ont été invitées à faire le test en priorité et ceux pour lesquels le laboratoire n’avait pas pu lire l’ancien test ont reçu le nouveau directement à leur domicile. De manière générale, d’ici à la fin de l’année, 86% de la population ciblée par le dépistage du cancer colorectal devrait être couverte.
Hormis ses performances, ce test est aussi réputé pour sa simplicité de réalisation. Avez-vous pu le constater dans les faits ?
Pr Agnès Buzyn : Les utilisateurs semblent satisfaits. Mais nous observons une déperdition de 6,5% à 7% de test due notamment au fait que les personnes oublient de noter la date de réalisation sur le tube. Du coup, les tests sont inexploitables. Nous comptons beaucoup sur les explications des généralistes lors de la délivrance du kit. Pour les y aider, nous avons réalisé un tutoriel simple à l’usage des patients, disponible sur Internet, qui a déjà été vu par plus de 42 000 personnes.
Dr Jérôme Viguier : Le fait de ne pas noter la date de prélèvement représente 65% des causes de tests mal réalisés. C’est l’erreur la plus fréquente.
Avez-vous observé une amélioration du taux de participation ?
Pr Agnès Buzyn : Il est beaucoup trop tôt pour le dire. Il faudra attendre deux ans avant de pouvoir conclure, le temps que toute la population cible soit invitée, relancée et ait eu le temps de faire le test, c’est-à-dire qu’un cycle complet soit réalisé. À ce jour, nous n’observons aucun signal qui pourrait laisser penser que le taux de participation serait plus faible qu’avec l’Hemoccult®. Bien au contraire, la croissance continue du nombre de tests lus quotidiennement depuis la mise à disposition du nouveau test est rassurante et montre que la dynamique est lancée.
Dr Jérôme Viguier : Inviter 19 millions de personnes au dépistage, équiper 50 000 médecins généralistes et 89 structures de gestion représente une tâche importante. Les choses ne peuvent pas se faire du jour au lendemain. Maintenant que le dispositif est opérationnel, la montée en charge est beaucoup plus rapide que celle qu’on avait connue avec l’Hemoccult®.
Quel accueil les médecins réservent-ils à ce test ?
Pr Agnès Buzyn : Les généralistes attendaient un test plus fiable, plus sensible, plus simple d’utilisation. En ce sens, ce test répond à leur demande. Leur adhésion est capitale car ils ont un rôle essentiel pour amener les patients au dépistage. Nos études montrent que les tests sont réalisés dans plus de 80% des cas lorsqu’ils sont proposés par le généraliste.
Les généralistes se sentent peu concernés par le dépistage du cancer du sein qui leur échappe. La ROSP a-t-elle porté ses fruits ?
Pr Agnès Buzyn : Nous n’avons pas constaté d’effet majeur de la ROSP. Nous comptons pourtant beaucoup sur les médecins de ville pour le dépistage de ce cancer qui plafonne, entre le programme et le dépistage individuel, à un peu plus de 65% des femmes. D’autant que, actuellement, 10% de femmes à risque aggravé de cancer échappent aux programmes de dépistage, uniquement fondées sur l’âge. Seul le généraliste peut les repérer et leur proposer les stratégies adaptées à leur cas. On n’avancera pas sans eux. Et je rappelle que le dépistage chez ces femmes sera remboursé à 100% dès le printemps prochain.
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