Dans l’Hexagone, l’écart pour le marché pharmaceutique s’accroît entre un secteur hospitalier qui affiche une belle santé (+7 %) et celui de l’officine toujours en récession pour la quatrième année consécutive. La France est le seul pays avec l’Italie à enregistrer une rétraction de son marché, à la différence des autres pays européens selon l’étude 360° réalisée chaque année par QuintilesIMS. En tout état de cause, si la dépense en médicaments par les Français a longtemps été supérieure à ses voisins, elle s’est fortement normalisée à partir de 2010. Sur le marché ville, la mise sur le marché de nouveaux produits n’arrive pas à compenser les baisses de prix. L’officine échappe à la morosité avec la croissance du hors AMM en vente libre (+3,5 %). Pour autant, dans un contexte difficile, des lancements ont été réussis à l’image du Cosentyx® (Novartis) dans le psoriasis qui a généré un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros ou dans le diabète avec Trulicity® (19 millions d’euros) commercialisé par Lilly. Cette forte croissance s’illustre donc à l’hôpital, portée en 2016 par l’oncologie comme dans les autres pays. La liste en sus illustre ce dynamisme. Elle représentait en 2014, 45 % des achats hospitaliers. En 2016, la facture de l’achat des médicaments pour l’hôpital, rétrocession incluse, s’est élevée à 7,97 milliards d’euros à prix réels selon l’estimation du Leem et à 10,45 milliards d’euros (+3,3 %) à prix catalogue. Ces résultats ont été obtenus en dehors de l’effet hépatite C. En effet, les baisses de prix et la concurrence ont limité dès 2015 l’expansion de ce marché.
Ce dynamisme hospitalier s’observe également sur le marché des biosimilaires. Sur l’inflximab, après 23 mois de commercialisation, la part de marché des biosimilaires dépasse 35 %. Elle demeure en revanche modeste pour l’insuline glargine (3 %). En dépit de cette réserve, les biosimilaires à l’hôpital sont promis à un beau succès. On peut ici évoquer un alignement des planètes avec des incitations budgétaires, des décisions conjointes médecins/pharmaciens pour y recourir. D’autres mesures y participent comme la levée des restrictions sur les switchs. La situation n’est pas comparable en ville où il n’y a pas d’incitation à prescrire ou à dispenser.
En l’absence d’une rupture dans la politique du médicament décidée par le nouveau gouvernement, les experts de l’étude 360° envisagent une stabilité générale sur les cinq prochaines années. Certes des leviers de croissance ont été identifiés, comme le lancement de nouveaux produits. L’accent mis sur la prévention devrait également contribuer à l’envol des ventes. Mais les freins identifiés sont plus nombreux, comme la baisse des prix, le contrôle des prescriptions, l’accès restreint à la liste en sus avec en tout cas une gestion plus dynamique. Face à ces tendances lourdes, quelle sera la politique du médicament ? Quel(s) ministre(s) en aura la charge ? Une loi de programmation pluriannuelle en substitution de la loi de financement de la sécurité sociale annuelle sera-t-elle adoptée ? L’industrie pharma attend a minima une normalisation des rapports. Enfin l’article 98 de la LFSS (loi de financement de la Sécurité sociale) 2017, âprement combattu par les industriels, qui donne la liberté au Comité Économique des produits de santé de décider de manière unilatérale une baisse de prix, sera-t-il remis en cause ?
Si l’incertitude domine encore sur ces questions, l’étude QuintilesIMS pronostique une augmentation des remises dans les cinq prochaines années. En 2016 à l’hôpital, leur niveau atteignait 27,5 %. En 2021, ce pourcentage devrait croître à 32,5 %. En ville, la progression attendue est plus limitée avec un « gain « de 0,5 % (2,5 % en 2016, 3 % en 2021). L’exemple de l’hépatite C où le dernier entrant Zepatier® (MSD) a cassé les prix, sera-t-il un modèle pour d’autres laboratoires ? La prochaine loi de financement de la Sécurité sociale 2018 qui sera débattue à l’automne prochain apportera quelques éléments de réponse. La régulation par enveloppes sera-t-elle reconduite par exemple ? Ces premières décisions permettront alors de voir ou non une rupture dans la politique du médicament.
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