La loi de programmation pluriannuelle de la recherche doit être votée prochainement. Mais le projet de loi provoque la colère des sociétés savantes de médecine générale, des étudiants et des internes. Dans un communiqué commun, de nombreux syndicats et organisations parmi lesquels le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), le Collège de la médecine générale, l’Intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), dénoncent un texte qui va à l’encontre des promesses de « Ma Santé 2 022 » et de son virage ambulatoire.
Précisément, c’est l’article 23 du projet de loi qui pose problème. Celui-ci, le seul qui parle de la recherche en santé, précise qu’un « comité territorial de la recherche en santé est créé autour de chaque centre hospitalier et universitaire » et qu’il « coordonne, sous la responsabilité du centre hospitalier et universitaire, la mise en œuvre de la politique de recherche clinique et de recherche en soins primaires ». Pour les professionnels de soins primaires, placer toute la recherche « sous la coupe » des CHU ne va pas dans le sens de l’histoire. Depuis longtemps « une mainmise hospitalière sur les budgets de la recherche », a privé « la recherche en soins premiers de financement structurel, d’une organisation pérenne, ne lui laissant que des miettes pour se développer », souligne le communiqué.
La coordination par l'université plutôt que le CHU
Mais depuis plusieurs années et la volonté politique affichée d’un « virage ambulatoire », les choses ont commencé à évoluer. « Il commençait à y avoir une certaine volonté politique de flécher aussi des budgets sur les soins primaires », explique le Dr Stéphane Munck, représentant du collège des jeunes universitaires au sein de ReAGJIR, syndicat signataire de la tribune. « On fait un bond en arrière en remettant toute la recherche en santé autour du CHU. Depuis plusieurs années des structures sont présentes et existent pour faire de la recherche de haute qualité. Les MSP universitaires sont déjà porteuses de projets dans certaines régions, les équipes de soins primaires également sont en capacité de pouvoir coordonner ce type de recherche », explique-t-il. « Dans ce projet de loi, on demande à des gens dont ce n’est pas la compétence de coordonner des recherches sur un territoire qu’ils ne connaissent pas du tout. À l’inverse on trouverait ça étrange que des équipes de soins primaires coordonnent des recherches sur les IRM par exemple. » Pour les généralistes et les étudiants, ce projet de loi est également le signe « d’une vision rétrécie du système de santé ». « Sur un territoire, un CHU ne va s’occuper que d’un patient sur 1 000 qui va présenter un problème de santé », souligne le Dr Munck.
« L’ensemble des acteurs médecins généralistes, enseignants-chercheurs, formateurs, étudiants, internes, et professionnels n’accepteront pas cette proposition archaïque et dépassée », précisent les signataires du communiqué. Ils demandent donc à ce que cet article 23 soit réécrit pour que la responsabilité de la recherche en soins premiers relève des universités et non pas des CHU. « L’université est un lieu où les chercheurs, les usagers, l’ensemble des professionnels, peuvent se retrouver alors que ce n’est pas le cas au CHU », estime le Dr Munck.
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