Brève

L’état végétatif ne serait pas définitif

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Publié le 28/09/2017

La stimulation thérapeutique répétée aurait un impact thérapeutique sur un état végétatif prolongé. Un dogme serait donc en voie d’être ébranlé, celui de l’impossibilité de récupération en cas d’état végétatif persistant depuis plus d’un an. Ce nouvel espoir repose toutefois sur la description d’un seul cas clinique qui a été publié le 25 septembre dernier dans la revue Current Biology. Il s’agit d’un homme âgé aujourd’hui de 35 ans qui était plongé dans un éveil qualifié de non répondant. Les troubles de la conscience sont provoqués par des lésions siégeant au niveau du cortex, du tronc cérébral et du thalamus. Une récupération spontanée paraissait des plus improbables.

Stimuler le nerf vague

L’équipe lyonnaise de l’Institut des sciences cognitives Marc-Jannerod de Lyon (CNRS) dirigée par Angela Sirigu, s’est donc résolue à mener une expérimentation, à savoir stimuler le nerf vague. Une double électrode de stimulation a donc été implanté sur le nerf vague. Couplé à l’insertion sous la peau d’un générateur programmable pendant un mois, le patient a été soumis à des stimulations de trente secondes toutes les cinq minutes pendant un mois. A l’issue de la période d’observation une amélioration a été reportée par l’équipe médicale. Elle s’est traduite par la possibilité de répondre aux ordres et de soutenir l’attention pendant une lecture.

Larme sur la joue

Autre progrès notable, le patient répond à la menace par des réactions appropriées. Une larme a même coulé sur sa joue à l’écoute d’une musique aimée. Les enregistrements des électro-encéphalogrammes illustrent cette évolution positive avec l’augmentation d’une fréquence dite thêta qui signe l’état de conscience minimale. Enfin, cet accroissement de l’activité est confirmé par une activité métabolique soutenue dans les régions corticales et sous-corticales au Pet-scan. Au final, évaluée avec une grille à 5, l’amélioration a conduit à un score de 10 signifiant le passage à un état de conscience minimale.

 

1 500 patients concernés

Combien de patients sont concernés par cette avancée ? On en recense environ 1 500 patients en France victimes au départ d’un AVC, d’un accident, d’un traumatisme crânien.

Ces résultats soulèvent bien sûr de nombreux problèmes éthiques. Au sein des hôpitaux où sont pratiquées des greffes, que répondre désormais aux familles dont les proches, possibles donneurs d’organes, sont plongés dans un état végétatif ? Que se produit-il après l’arrêt de la stimulation ? l’amélioration est-elle durable ? Autant de questions sans réponses, d’autant qu’il n’existe pas de marqueurs qui permettent par exemple de repérer les patients répondeurs. « Nous voyons chaque semaine des patients et leurs familles : chaque trajectoire est unique », a confié au quotidien Le Monde le Pr Lionel Naccache (hôpital de la Pitié-Salpétrière).

Cette expérimentation ne résume pas les autres voies explorées. La stimulation électrique est également envisagée comme la stimulation cérébrale profonde. Le progrès est en marche….


Source : lequotidiendumedecin.fr