Traitements hypolipémiants, des bénéfices même chez les sujets âgés

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Publié le 16/11/2020
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Les personnes âgées pourraient bénéficier au moins autant que leurs cadets des médicaments hypolipémiants. Et ce en prévention primaire comme secondaire des complications de l’athérosclérose. C’est ce que suggèrent deux études parues la semaine dernière dans le Lancet alors que les recommandations américaines et européennes de prise en charge des dyslipidémies incitent plutôt à lever le pied chez les sujets âgés.

De précédentes études avaient en effet conclu que dans cette population, un taux élevé de cholestérol LDL n’était pas autant corrélé à un risque accru d’infarctus ou de cardiopathie ischémique que chez les plus jeunes, et que pour les patients âgés, le bénéfice de la réduction du cholestérol par des mesures notamment pharmacologiques apparaissait moindre. Cependant, « la représentation insuffisante [des plus de 70 ans] dans les essais », « l’évolution des pratiques cliniques » ainsi que « l’augmentation de l’espérance de vie des populations plus âgées » ont rendu ces idées « obsolètes » et appelé à de nouvelles recherches, juge la revue scientifique.

Dans ce contexte, deux équipes, l’une danoise, l’autre américaine, ont ainsi lancé parallèlement deux investigations.

Une corrélation entre taux de LDL-C et risque cardiovasculaire qui perdure avec l'âge

La première étude, observationnelle, a été conduite afin de « tester l'hypothèse selon laquelle un LDL-cholestérol élevé est associé à un risque accru d'infarctus du myocarde et de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse chez les personnes âgées de 70 à 100 ans », expliquent ses auteurs. Pour ce faire, ces derniers ont suivi pendant environ 8 ans le taux de cholestérol LDL et les « évènements cardiovasculaires » présentés par plus de 90 000 Copenhaguois de 20 à 100 ans – dont près de 15 000 de 70 à 100 ans – sans antécédents de maladies cardiovasculaires.

Résultats : si le risque de développer un infarctus du myocarde a augmenté en moyenne de 34 % pour chaque hausse de 1 mmol/L de LDL-cholestérol, cet effet semblait bien amplifié par l’âge. Parmi les personnes présentant un taux de LDL-C supérieur à 5 mmol/L, l’incidence annuelle des infarctus du myocarde était en effet 4 fois supérieure chez les plus de 80 ans que chez les moins de 60 ans, et celle des autres maladies cardiovasculaires près de 7 fois plus importante dans la première classe d'âge.

Moins de patients à traiter pour éviter un évènement cardiovasculaire 

Devant ces résultats, afin d’estimer le bénéfice potentiel des statines dans différents groupes d'âges, les chercheurs danois ont par ailleurs réalisé un travail de modélisation. Ils ont calculé « le nombre de personnes [de différentes générations] qui auraient besoin d'être traitées par une statine d'intensité modérée pour prévenir une [...] crise cardiaque en cinq ans », résume le Lancet. Ils ont ainsi prédit que les statines permettraient d’éviter plus « d’événements cardiovasculaires » chez les patients âgés que chez les plus jeunes. Pour éviter chaque accident de ce type, près de 350 personnes de 50 à 59 ans devraient être traitées, contre seulement 42 chez les plus de 80 ans, indiquent en effet leurs projections.

Il ne s’agit cependant que de modélisations, qui plus est nourries par « des hypothèses sur l’efficacité des médicaments anti-cholestérol », indique le Lancet. Aussi, c’est surtout la deuxième étude, qui consiste en une méta-analyse de près de 30 essais cliniques concernant les statines, l’ézétimibe ou d’autres hypolipémiants et menés auprès d'environ 250 000 participants – dont plus de 20 000 personnes de plus de 75 ans –, qui permet d'appuyer le bénéfice de ce type de médicaments chez les sujets âgés.

Chez les patients jeunes comme chez les plus de 75 ans, cette revue de la littérature met en évidence une réduction du risque de tous les événements cardiovasculaires suite à la mise en place d’un traitement hypocholestérolémiant en prévention primaire ou secondaire. Une diminution de 1 mmol/L du taux de LDL-cholestérol permettrait en effet de réduire ce risque de plus de 25 % chez les personnes âgées. De même, une telle diminution du taux de LDL permettrait, chez les plus de 75 ans, de réduire l’incidence des décès de 15 %, celle des infarctus du myocarde de 20 %, et celle des AVC de près de 30 %.


Source : lequotidiendumedecin.fr