Après le puissant séisme qui a touché le Maroc provoquant plus de 2680 morts et plus de 2 500 blessés, selon le bilan provisoire des autorités marocaines publié ce 11 septembre, l’aide internationale s’organise.
Si le Maroc n'a pas retenu pour l'heure l'aide du gouvernement français, les médecins français qui travaillent dans les ONG se mobilisent. Les secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, mènent actuellement une course contre la montre pour retrouver d'éventuels survivants et fournir l'assistance à de nombreuses personnes sans-abri, notamment dans des villages de la province d'Al-Haouz, épicentre du séisme au sud de Marrakech.
« À ce stade », les autorités marocaines ont répondu favorablement aux offres d’envoi d’équipes de recherche et de sauvetage de quatre pays : l'Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis. Ces équipes sont entrées en contact avec leurs homologues au Maroc en vue de coordonner les efforts, a précisé le ministère de l'Intérieur.
L'Espagne a annoncé l’envoi de 86 secouristes accompagnés de chiens spécialisés dans la recherche de victimes. Un vol humanitaire a également décollé du Qatar. D'autres offres pourraient être acceptées à l'avenir « si les besoins devaient évoluer », a ajouté le ministère.
Gérer l'afflux de blessés, une situation critique
Sur place, des ONG de différentes nationalités apportent également leur aide. Alors que les interventions des ONG ne sont pas conditionnées aux autorisations officielles, une équipe d’urgence de Médecins sans frontières (MSF) a été dépêchée sur place pour, dans un premier temps, évaluer les besoins et les interventions nécessaires.
« MSF n'est pas opérationnelle au Maroc, mais nous établissons actuellement des contacts avec les autorités locales pour intervenir rapidement afin d'évaluer les besoins et déterminer si notre soutien est nécessaire, indique Michel Olivier Lacharité, responsable de la cellule des urgences à Paris. Comme pour tous les tremblements de terre, la recherche des personnes ensevelies sous les décombres reste la priorité, et cette phase est souvent assurée par les acteurs locaux. »
La première aide de MSF pourrait être d’« épauler les collègues marocains qui peuvent être débordés par l’afflux de blessés », anticipe le Dr Rony Brauman, ancien président de l'ONG, auprès du Quotidien. Être en capacité de prendre en charge l’ensemble des personnes touchées « est toujours une situation critique, même dans les pays développés. »
Dans les jours suivant une catastrophe, « il faut soigner les blessés et réaliser rapidement des actes médicaux (...) mais aussi restaurer des capacités de dialyse, ce qui peut s'avérer difficile lorsque les capacités sanitaires locales sont réduites », appuie Michel Olivier Lacharité.
Ce qui sera « déterminant », selon le Dr Brauman, c’est l’organisation de l’aide secondaire : le désenfouissement, l’hébergement des sans-abri, la remise en état des réseaux d’eau potable et d’électricité, mais aussi l’indemnisation des populations touchées.
D'autres initiatives se mettent en place. Pour assurer l’urgence, des pompiers lyonnais bénévoles de l'association Casc Appui sont arrivés le 10 à Marrakech, accueillis au siège de la protection civile. L’équipe composée de quatre secouristes spécialistes de sauvetage et de la recherche, d'un infirmier et d'un spécialiste avec son chien a été dirigée à une cinquantaine de km de Marrakech, selon la préfecture du Rhône.
À Saint-Étienne, l'association PHF spécialiste de protection civile a envoyé le 10 une équipe de huit personnes sur place : un médecin, deux infirmiers et trois secouristes. « On a fait le choix d’envoyer dès maintenant une équipe pour être le plus efficace possible. Une fois sur place, on se mettra à la disposition des autorités locales », a expliqué Mathieu Beaugiraud, le vice-président de l’association.
La France prête à intervenir
Côté officiel, la France est prête à « intervenir » pour venir en aide au Maroc « à la seconde » où les autorités marocaines le « jugeront utiles », a assuré le 10 septembre Emmanuel Macron en marge du sommet du G20 à New Delhi.
« Le Maroc est un pays souverain et c'est à lui d'organiser les secours, a réagi la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, sur BFM ce 11 septembre. Il est seul en mesure de déterminer quels sont ses besoins et le rythme auquel il souhaite que des réponses soient apportées. »
La ministre a annoncé une aide 5 millions d'euros aux ONG actuellement « sur place » au Maroc. Cette aide financière est débloquée via les fonds de réserve du ministère des Affaires étrangères pour que les ONG « puissent travailler ».
Après une catastrophe, « observer un délai avant l’ouverture des frontières à l’aide étrangère est fréquent. C’est même la règle. La sélection politique des pays l’est moins, mais ça s’est déjà vu », souligne le Dr Brauman, citant le rejet de l’aide israélienne par l’Iran après le séisme de 2003 à Bam ou celui de l’aide vénézuélienne par les États-Unis après le cyclone Katrina en 2005. « L’aide gouvernementale est toujours entachée d’un soupçon d’arrière-pensées politiques », explique-t-il. Et d’ajouter que la situation « peut vite évoluer. »
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