Dégradation des notes des boissons à base d’édulcorants, de certaines céréales ou des charcuteries et amélioration des scores obtenus par les huiles riches en oméga-9 et en oméga-3… Depuis le 1er janvier 2024, l’algorithme de calcul du Nutri-Score a évolué pour pénaliser davantage les produits contenant trop de sucre, de sel et de mauvaises graisses ou manquant de fibres ou d’autres nutriments.
Ces évolutions du logo nutritionnel affiché sur les emballages agroalimentaires étaient nécessaires car « nous avons de nouvelles connaissances sur le rôle des aliments sur la santé » et « le marché alimentaire évolue aussi, avec de nouveaux produits et des reformulations », justifie le Pr Serge Hercberg dans un entretien à France Info. Soulevant un « problème de cohérence » avec les recommandations nutritionnelles, celui dont les travaux sont à la base du logo estime qu’« il était temps de marquer plus fortement le fait que des produits soient sucrés et salés. »
Les nouvelles règles de calcul ont été annoncées en avril dernier par les sept pays européens impliqués dans la gouvernance de l'étiquetage nutritionnel : la France, qui l’a adopté en 2017, mais aussi la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse. Le comité scientifique de cette coordination transnationale a remis deux rapports sur les évolutions possibles du Nutri-Score : en juin 2022 sur les aliments et en février 2023 sur les boissons. Les propositions qu’ils contiennent ont ensuite reçu un avis favorable du comité de pilotage (chargé de la mise en œuvre et du déploiement).
Il en ressort un nouveau calcul (pour 100 gr ou 100 ml) de la teneur « en nutriments et aliments à favoriser » (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coques, huile de colza, de noix et d’olive) et « en nutriments à limiter » (énergie, acides gras saturés, sucres, sel), explique Santé publique France.
« Les évolutions du Nutri-Score renforceront sa capacité à aider les consommateurs, y compris les plus vulnérables, à comparer la composition nutritionnelle des aliments et des boissons », les encourageant ainsi à « des choix plus sains, en synergie avec les politiques nutritionnelles visant à prévenir les maladies chroniques et à lutter contre l’obésité », expliquaient alors les promoteurs du logo.
Les industriels concernés disposent de deux ans pour adapter leur étiquetage. Mais déjà, certains menacent de ne plus afficher le logo sur leurs emballages. Un choix que déplore le Pr Hercberg : « certains industriels font marche arrière. Ils jouent la transparence quand ça les arrange. » Et de plaider pour le « name and shame » : « il faut absolument citer les marques car il faut que les consommateurs soient conscients que certaines firmes ne donnent pas la réalité de la composition des aliments. » Selon l’épidémiologiste et nutritionniste, l’absence du logo sur un emballage signifie « qu'a priori l'industriel derrière a des choses à cacher. »
Si une enquête de l’UFC-Que choisir a montré la capacité du logo à orienter les industriels vers une amélioration de leurs produits, la question de sa généralisation et d’une obligation en Europe fait toujours débat. Dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la fourchette », la Commission européenne devait présenter une proposition d'étiquetage harmonisé et obligatoire avant la fin 2022 pour lutter contre les régimes alimentaires malsains. Mais sous la pression de certains pays, et notamment de l’Italie, l’adoption d’un tel dispositif avait été repoussée à fin 2023… Le sujet est toujours en suspens. « On craint le pire pour le futur si les lobbies sont aussi entendus par la Commission européenne », anticipe le Pr Hercberg.
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