Près de 80 % des chirurgiens et des anesthésistes veulent désormais donner la priorité à leur épanouissement personnel en conciliant vie professionnelle et vie privée.
C'est ce que révèle notamment une enquête sur la chirurgie de demain commandée par le cabinet Branchet avec la Fondation de prévention du risque opératoire et réalisée en ligne auprès de 900 praticiens (et de 50 entretiens avec des patients, experts et chirurgiens), qui a été présentée la semaine dernière à Paris.
Pour 10 % des chirurgiens et anesthésistes, le désir de reconnaissance est la priorité numéro un, tandis que pour 5 % des sondés, la prospérité et l'impact social sont des enjeux prééminents. Selon cette étude, 44 % des spécialistes des plateaux techniques lourds estiment que le progrès technologique aura un impact sur leur pratique chirurgicale. 30 % considèrent qu'il modifiera l'organisation des soins, le travail administratif et la gestion de l'hôpital.
Les praticiens se voient par ailleurs à l'avenir travailler en groupe. Pour 48 % des répondants, le chirurgien de demain exercera en effet au sein d'une équipe. 15 % pensent qu'il sera au contraire le superviseur et le coordinateur de l'ensemble des soins tandis que 11 % envisagent que le chirurgien soit… un robot. Enfin, 57 % estiment que dans 10 ans, les praticiens formeront des groupes offrant leurs services aux cliniques.
Sans surprise, les tâches annexes n'ont pas la cote. Pour 62 % des répondants, la difficulté majeure réside dans les tâches administratives et dans la gestion du temps. Les chirurgiens sont par ailleurs principalement inquiets pour la gestion de leur activité (51 %) et pour leur maîtrise des langues (19 %), à l'heure du tourisme médical. Enfin, 54 % souhaiteraient avoir d'autres manières d'explorer leur expertise au-delà de l'acte chirurgical, et 21 % la possibilité d'un changement de carrière.
Incontournable innovation
Invité à se prononcer sur les résultats de ce sondage, l'économiste de la santé Frédéric Bizard a défendu la théorie d'une économie de l'innovation comme vecteur de croissance en santé. « Les jeunes, qui ont de nouvelles aspirations, veulent travailler autrement et ont une aversion du risque », a-t-il analysé. Selon lui, la montée en puissance de l'exercice en groupe est par ailleurs un moyen de répondre à l'exigence de temps libre des praticiens. Frédéric Bizard note également que les relations avec les patients, beaucoup plus informés sur leur santé qu'avant, devront mener les futurs chirurgiens à être davantage formés à la gestion du risque.
Les chirurgiens ne sont pas insensibles aux progrès technologiques majeurs de leur métier. « Ce qui se fait depuis dix ans a été complètement bousculé, réagit le Dr Philippe Cuq, président de l'Union des chirurgiens de France (UCDF, membre du BLOC). Par exemple, un chirurgien vasculaire qui aujourd'hui ne met pas d'endoprothèses est fichu. L'innovation est indispensable, et la chirurgie de demain dépendra des moyens humains et techniques. »
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