Une enquête judiciaire a été ouverte à Marseille après le décès, samedi soir, d'un nonagénaire, qui pourrait être consécutif à la non-prise du diurétique Furosémide (spécialité générique du Lasilix), un médicament générique du laboratoire Teva, dont une boîte entamée provenant d'un lot mal conditionné et pouvant contenir à la place un somnifère a été retrouvée à son domicile.
D'après les déclarations de l'infirmière qui lui administrait ce médicament deux fois par jour en raison d'une insuffisance cardiaque grave, « il semblerait que l'une des boîtes d'un lot mal conditionné », pouvant contenir non pas le diurétique mais un somnifère, ait été utilisée depuis une semaine. L'infirmière avait été alertée dans la journée de samedi par sa pharmacie de l'existence d'un lot mal conditionné.
« Cette non-prise du bon comprimé peut être à l'origine de l'oedème », a précisé Jacques Dallest, le procureur de la République à Marseille. Les résultats de l'autopsie pratiquée dimanche ont confirmé que le vieil homme était décédé d'un oedème pulmonaire aigu.
Seuls les examens toxicologiques pratiqués dans les prochains jours, qui détermineront les substances contenues dans le sang et les tissus de la victime, et l'examen de son dossier médical, pourront désormais orienter l'enquête, ouverte pour « recherches des causes de la mort » par le pôle santé publique du parquet de Marseille.
Inspection du site de conditionnement
Ce lundi matin, 10 juin, l'ANSM devait diligenter une inspection sur le site de conditionnement du laboratoire Teva, situé à Sens, afin de tenter d'identifier la cause de l'erreur. L'agence avait alerté dès vendredi 7 juin sur une procédure de rappel concernant deux lots de Furosémide Teva 40 mg du laboratoire du groupe israélien Teva, précisant que « certains comprimés ont pu être remplacés par des comprimés d'un somnifère (Zopiclone également appelé Imovane) ». Il s'agit des lots Y175 (date d'expiration : 08/2015) et Y176 (date d'expiration : 08/2015), soit « 95 000 boîtes par lot », a précisé l'ANSM qui invite les patients traités au Furosémide portant les numéros de ces deux lots à rapporter leurs boîtes à leur pharmacien (numéro vert : 0800 51 34 11).
Selon un porte-parole de Teva, l'erreur de conditionnement porte seulement sur « quelques dizaines de boîtes ». Concernant les causes de cette erreur, « aucune piste n'est exclue, ces médicaments ayant été conditionnés sur des lignes différentes à plusieurs semaines d'intervalle », a indiqué le laboratoire. « A ce jour, aucune raison industrielle à cette erreur n'a été trouvée. » Le ministère de la Santé a indiqué que « tous les lots concernés ont été retirés du marché dès vendredi après-midi ».
Cette affaire relance la polémique autour des médicaments génériques. Dans un communiqué publié dès dimanche 9 juin, la FMF regrette l'inaction des pouvoirs publics pour imposer la « fabrication identique accentuant le risque de confusion pour les personnes âgées et instaurant ainsi une insécurité sanitaire ». Son président, Jean-Paul Hamon, réclame que « les génériques soient enfin strictement identiques tant dans leur présentation et leur forme que dans leur composition ».
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