Au-delà des mesures d’économies présentées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le gouvernement veut lutter contre la surconsommation de médicaments. Il propose de dispenser les produits à l’unité dans les pharmacies d’officines. Une expérimentation portera dans un premier temps sur des médicaments ciblés, par exemple certains antibiotiques « critiques ». « Cela permettra de délivrer au patient la quantité exacte et suffisante selon le schéma posologique et la durée prescrits par le médecin », peut-on lire dans le PLFSS.
« À ce stade, il s’agit de voir comment nous pouvons mettre en place les mécanismes qui permettront de dispenser des médicaments à l’unité, ce qui permettra d’éviter qu’on se retrouve avec des armoires à pharmacie pleines de médicaments qu’on ne consomme pas ou mal, a déclaré la ministre de la Santé Marisol Touraine. Chaque Français a 1,5 kg de médicaments dans son armoire ! »
Pharmaciens divisés
« Nous sommes très favorables à pouvoir accompagner ces expérimentations car l’antibiorésistance est une vraie problématique », a déclaré Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), tout en reconnaissant que cela va être « un peu compliqué » sur le plan logistique.
La présidente du Conseil de l’Ordre des pharmaciens estime que les officines sont opérationnelles. « On le fait déjà pour des médicaments antidouleur très puissants, à base de morphine, délivrés à l’unité », assure-t-elle.
A contrario, le secrétaire général de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, ne croit pas du tout à un retour à « la vente en vrac ».
Gilles Bonnefond demande des preuves « que c’est le conditionnement qui provoque le gaspillage ». Il incrimine plutôt « la non-observance des prescriptions de médicaments, comme cela s’est passé après les débats sur le Mediator, les statines, la pilule, les médicaments dangereux ».
Les industriels réticents
« Ce n’est pas par le déconditionnement et la délivrance à l’unité qu’on va résoudre ce problème, c’est plus par l’éducation des patients et la lutte contre le mésusage », assure Patrick Errard, président du LEEM (entreprise du médicament). « L’intention est louable, mais le moyen n’est pas du tout adapté », déclare-t-il, ajoutant que les conditionnements, décidés par la Haute Autorité de santé, sont « généralement » adaptés à la prescription et durée du traitement.
Il ne nie pas en revanche la pertinence de cette mesure dans les hôpitaux.
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