LE QUOTIDIEN : Quand et comment sont nés les laboratoires Majorelle ?
GUILLAUME EL GLAOUI : En 2012, Majorelle est né du rapprochement de trois entités complémentaires au regard de notre stratégie : Codepharma qui distribuait des produits de gynécologie ; Akontis effectuant de la R et D dans le domaine du dispositif médical et Duo-Ge se consacrant à la R et D des combinaisons fixes de molécules.
Vous avez évoqué votre stratégie. Quelle est-elle ?
Nous sommes partis d’un constat simple : beaucoup de médicaments matures ne sont pas utilisés de façon optimale parce que le traitement est perçu comme trop contraignant par de nombreux malades, d’où les problèmes de mauvaise observance ou d’abandon pur et simple.
Comme ces produits sont génériqués, ils ne font pas l’objet de développement et d’investissement. Or, il y a place pour des améliorations notables en jouant sur les dosages, sur la galénique, en proposant des associations fixes.
Pour nous, il s’agit de vraie innovation qualifiée parfois d’incrémentale, d’où la devise de notre laboratoire : innover pour simplifier, simplifier pour mieux soigner.
En pratique, quels sont les résultats de ces choix stratégiques ?
Ils sont à mon sens très probants. Globalement puisque notre entreprise qui compte quelques 40 collaborateurs a généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros et, surtout, a obtenu une quinzaine d’AMM en moins de 2 ans.
Plus encore, les produits que nous avons lancés s’inscrivent parfaitement dans notre philosophie d’entreprise : en contraception orale, nous offrons une gamme complète et, surtout, un schéma continu qui évite beaucoup d’oublis et donc de grossesses non désirées et d’IVG. Keat, sonde pour la rééducation périnéale à domicile, en cas d’incontinence urinaire permet d’éviter de nombreuses séances de kinésithérapie. Enfin, notre prochain lancement dans la dysfonction érectile, Vitaros, devrait permettre une utilisation plus simple et moins désagréable d’une molécule bien connue l’alprostadil. Au passage, je souligne que cette présentation en crème qui permet de faire l’économie des injections intracaverneuses intéresse de nombreux laboratoires puisque si c’est Majorelle qui la commercialise en France, de nombreux grands laboratoires (Abbott, Novartis, Recordati, Takeda) s’en chargeront dans le reste du monde.
À une époque de forte pression sur les dépenses de médicament, comment financez-vous votre développement ?
J’ai oublié de vous dire que Majorelle est une entreprise totalement familiale, ce qui nous donne une grande indépendance d’esprit : quand on s’intéresse à un projet les paramètres financiers ne sont pas prioritaires.
Nous savons qu’en matière d’innovation incrémentale il nous faut démontrer que nos solutions ne génèreront aucun surcoût et que même elles pourraient être sources d’économies : cela dépend des prix de vente et aussi de la prévention des effets secondaires liés aux formes antérieures des molécules que nous développons. Par exemple, Vitaros permettra d’éviter les complications des injections caverneuses (fibrose) ce qui n’est pas rien pour les malades et pour les « payeurs ».
Pour l'instant, vos médicaments remboursés traitent la sphère génito-urinaire ? Avez-vous d’autres projets ?
Tout à fait. Notre prochain gros chantier étant le développement d’une gamme (Duo-Ge) d’associations fixes visant à simplifier et à améliorer l’observance de la prévention cardiovasculaire, ce qui est un problème majeur. Nous pensons pouvoir déposer notre premier dossier, en vue d’obtenir une AMM européenne, début 2015 pour l’association fixe d’une statine et d’un IEC. D’autres spécialités suivront, avec toujours la même préoccupation : associer les meilleures molécules, aux bons dosages.
(1) Président des Laboratoires Majorelle
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