Invité ce dimanche du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun s'est employé à déminer plusieurs dossiers chauds dont la crise hospitalière, la 4e année de médecine générale, décriée par les internes, ou la hausse du tarif de la consultation dans le cadre des négociations conventionnelles.
Pédiatrie, hôpital : six mois pour « aller mieux »
À l'hôpital déjà exsangue, qui affronte une forte épidémie de bronchiolite, le ministre a assuré « suivre de très près les difficultés de la pédiatrie ». Il a rappelé avoir pris des mesures immédiates de remise en l'état de la filière avec une enveloppe d'urgence de 450 millions d'euros débloquée en octobre. « Ce n'est pas qu'un problème de pathologie, on manque de lits ouverts et de bras à l'hôpital », rappelle François Braun.
De manière plus globale, l'ex-urgentiste souhaite redonner « sa vitalité à l'hôpital » en redonnant davantage de sens et de temps au métier de soignant. Pour « garder les meilleurs » et faire venir « les jeunes talents », il promet de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires – déjà 12 milliards d'euros octroyés dans le cadre du Ségur à ce titre –, il veut aussi reconnaître la pénibilité du travail de nuit ou encore alléger la « charge bureaucratique » des soignants à l'hôpital. « C'est en route, je veux que les soignants voient les changements avant l'été prochain. Je veux leur dire dans six mois ça va aller mieux, car on vous a redonné du temps », a assuré François Braun.
Réintégrer les soignants non vaccinés ? Deux avis en attente
François Braun est revenu sur la question délicate de la réintégration des soignants non vaccinés contre le Covid et suspendus, qui concerne « très peu de médecins, et 1 050 infirmiers ». Le ministre estime que leur réintégration pose un double problème « de sécurité sanitaire » et « d'éthique professionnelle ».
Mais il attend pour se prononcer l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) et du Conseil consultatif national d'éthique (CCNE). Quoi qu'il en soit, leur réintégration aurait peu d'incidence sur la problématique de la pénurie de soignants, souligne le ministre (en écho à ce que dit aussi la FHF).
Quatrième année supplémentaire, « nous mettrons les MSU nécessaires »
Interrogé sur la 4e année d'internat de médecine générale (prévue dans le PLFSS 2023 et à laquelle sont opposés les carabins), le ministre promet qu'il « mettra tous les moyens » pour que cela soit une vraie année de formation, sous le statut de docteur junior. « J'entends et je comprends les inquiétudes des étudiants, nous mettrons le nombre de maîtres de stage universitaires (MSU) nécessaires pour vous encadrer, nous augmenterons les postes d'enseignants en médecine générale, nous mettrons tout sur la table », s'est-il engagé. Cette 4e année ne sera pas destinée à gérer la pénurie de médecins dans les déserts médicaux, mais leur permettra de « découvrir ces territoires pour qu'ils aient envie de s'y installer », et de passer leur thèse plus tôt.
Hausse du C : « Je ne suis fermé à rien »
Côté médecine libérale, le locataire de Ségur n'est pas fermé à une hausse de la consultation de base dans le cadre des négociations conventionnelles avec l'Assurance-maladie, mais à condition – répète-t-il – que cela se fasse « dans une logique de droits et de devoirs ». La profession devra au préalable « répondre aux problèmes des Français » que sont le manque de médecins traitants ou la participation à la permanence des soins (PDS) sur les territoires. Sur la hausse du C, donc, « je ne suis fermé à rien, (...) je suis d'accord pour qu'on trouve un équilibre pour que les médecins généralistes participent encore mieux qu'ils ne le font déjà », a répondu François Braun.
Temps médical, la clé
Le ministre a rappelé qu'un travail réformateur était engagé avec les agences régionales de santé (ARS) « territoire par territoire », dans le cadre du volet santé du Conseil national de la refondation. « Ce qui est important, c'est de donner du temps médical », a encore martelé l'urgentiste, citant la mise en place des assistants médicaux, dont l'objectif est d'arriver à 10 000 en 2025. « C'est efficace de suite, a avancé François Braun, tout comme le fait de confier à d'autres professionnels de santé certaines tâches médicales. »
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