LE QUOTIDIEN : Dans quel contexte s’ouvre ce 54e congrès des centres de santé ?
Dr Éric May : En 2013, Marisol Touraine avait ouvert notre congrès par un discours de reconnaissance du rôle des centres dans le système de santé. Elle avait salué la pertinence de l’approche médico-sociale des équipes soignantes. Nous étions dans l’espoir de voir se concrétiser les préconisations de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le développement des centres de santé. Un an plus tard, nous n’avons obtenu qu’un accès facilité à la consultation des droits réels (CDR), outil de gestion des droits des patients. C’est tout à fait insuffisant ! Aujourd’hui, nous sommes dans l’attente d’actes concrets.
Deux négociations doivent assurer aux médecins des centres la transposition de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) des libéraux et de nouveaux financements. Ça avance ?
Difficile pour les médecins de discuter sans être autour de la table ! Nous n’avons pas été conviés directement aux négociations. Les gestionnaires des centres, que nous soutenons, sont donc le porte-voix de 5 000 médecins, dont 2 200 généralistes.
L’application de la ROSP aux médecins des centres de santé me laisse perplexe à plus d’un titre. Nous sommes sur une transposition aveugle. La rémunération sur objectifs se retrouvera-t-elle dans le contrat d’embauche du médecin ? Sera-t-elle proposée sur la base du volontariat, comme pour les libéraux ? Incluse dans le budget annuel de la structure ? Ou utilisée comme moyen de pression par l’employeur ? Une explication est requise pour déminer.
La seconde négociation sur le financement des équipes libérales de soins doit universaliser les nouveaux modes de rémunération (ENMR), ce qui est formidable. Attention toutefois à la mainmise des agences régionales de santé sur les contrats passés entre professionnels de terrain. Toutes les ARS n’ont pas le même degré d’information sur notre mode de fonctionnement. Cela pourrait nous desservir.
Quel regard portez-vous sur la loi de santé ? Êtes-vous aussi critique que les libéraux et les hospitaliers ?
Nous sommes cités dans une loi de santé, ce qui est nouveau, donc réjouissant ! J’applaudis également des deux mains la généralisation du tiers payant en ville, une vraie mesure de gauche. Le reste est insuffisant. Nous sommes très loin d’une organisation territoriale cohérente entre l’hôpital, le médico-social et la ville. Il n’y a aucun fléchage précis du parcours de santé garanti sans dépassements d’honoraires pour le patient. Nous sommes dans la continuité de la loi Bachelot. Je comprends tout à fait la colère des hospitaliers. Le Pr André Grimaldi, porte-parole du mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) intervient d’ailleurs
à notre congrès. En revanche, le comportement libéraux me chagrine au plus haut point. Cela reflète un esprit d’un autre siècle, qui va à l’encontre de l’histoire.
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