Quand un simple stage en coronographie se transforme en opportunité de carrière… C'est ainsi que Vincent Spagnoli, cardiologue en formation au Québec a su saisir sa chance et trouver sa place à Trois-Rivières.
Quand on est né à Marseille, « ville de tous les exils » et fils d’une mère Slovaque venue en France pour exercer la chirurgie dentaire, on est sans doute prédisposé au départ. Pourtant, Vincent Spagnoli, jeune cardiologue aujourd’hui trentenaire ne devait aller au Québec que quelques mois pour se former en cardiologie interventionnelle.
Et déjà, ce fut un petit casse-tête, malgré l'existence depuis 1980 d'une filière franco-québécoise de formation. Il lui aura en effet fallu deux ans pour préparer ce départ : histoire d’obtenir une bourse (seuls les boursiers sont admis au Québec) et de réorganiser sa petite famille, puisqu’en 2012, le Dr Spagnoli était déjà marié et père de deux jeunes enfants.
Le retour était programmé deux ans plus tard, un poste de chef de clinique l’attendant à Lariboisière. Enfin, c'est ce que tout le monde pensait… avant que Vincent n'entende parler d'un projet d'ouverture de salle de coronographie une fois sur place en août 2017 à Trois-Rivières.
Trois-Rivières… Ville sans grand charme qui dans un premier temps n’inspirera guère le couple. En juillet 2016, il rentre néanmoins en France et prend ses fonctions comme chef de clinique. Mais il repartira au Québec l’année suivante. Sans l’ouverture de cette salle, Vincent affirme qu’il n’y serait pas revenu.
Étapes administratives : un parcours du combattant
Avis aux amateurs : cette fois, les démarches sont encore moins évidentes. Il lui a fallu 20 mois d’exercice (dont 13 semaines de stage non rémunérées) pour obtenir un statut officiel et un permis d’exercice (il est désormais inscrit au Collège des médecins du Québec) et l’obtention de ses papiers du service de l’immigration.
Le médecin est satisfait de son choix qui lui a permis d’avoir un poste correspondant à ses attentes professionnelles. Et de fait, il est arrivé au bon moment car formé par des cardiologues québécois il s’est retrouvé en immersion dans le système médical : « Tout s’est emboîté. J’ai eu la chance de rentrer dans le circuit québécois en chirurgie interventionnelle. »
La salle de coronographie couvre le bassin de la Mauricie et concerne 400 000 patients. Depuis mars 2017 elle est ouverte 24 h sur 24 tous les jours.
Des systèmes de soins si différents
Avec un peu de recul, le Dr Spagnoli met en relief points forts et points faibles de deux systèmes de soins si différents. Bons points pour la France pour sa médecine de bon niveau, la liberté de pratique et des délais de rendez-vous sont excellents pour le patient.
À l’entendre, l’accessibilité n’est pas le point fort du système québécois. Mais, côté médecins, au Québec il n’y a pas de soucis pour le recrutement de la patientèle : « Le système est tel que le patient n’a pas le choix de son centre de santé mais la qualité du soin est là et se fait dans la journée, il n’y a pas de perte de temps. » Avantages du système québécois, selon le jeune cardiologue français : il n’y a jamais de rapport financier entre le professionnel de santé et le patient. Le médecin est rémunéré à l’acte. Mais c’est l’équivalent de notre Sécu, la RAMQ qui le rémunère.
Au total, le Dr Spagnoli ne regrette rien. Enfin, presque… S’il vit ce challenge professionnel comme une vraie opportunité de carrière – « ça roule très bien professionnellement » – il confie avoir éprouvé le mal du pays la première année : « Les similitudes culturelles sont faibles. »
Sa famille vient le rejoindre en août. Il est encore hébergé par un collège mais vient de trouver une maison à louer pour accueillir très prochainement son épouse et leurs trois enfants.
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