Alors qu'Agnès Buzyn vient de présenter son premier bilan de mise en œuvre de Ma Santé 2022, le Dr Philippe Vermesch, président du SML, se montre très critique vis-à-vis de ce plan. Devant la presse, il dénonce sans détour les transferts de compétences, synonyme de « dumping médical » pour permettre au gouvernement de réaliser des économies. Délivrance par les pharmaciens de médicaments sous prescription médicale obligatoire, vaccination des enfants par les sages-femmes, ouverture aux infirmiers de la possibilité d’adapter des prescriptions et de prescrire certains produits votées dans la loi de santé… Autant de mesures qui se font « dans le dos des médecins », sans concertation.
« Les pharmaciens d'officine vont pouvoir faire des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) angine remboursés directement en officine, sans protocole avec les médecins. Les avenants sont signés sans que nous soyons consultés. Où est la coordination avec les médecins ? », dénonce le Dr Philippe Vermesch. « Notre métier de médecin libéral est dévalorisé. Cela ne donne pas envie aux jeunes de s'installer », ajoute le chef de file du SML. Face à cette situation, le SML réclame un « moratoire » sur les transferts de tâches et un soutien financier de l'assurance-maladie pour les « équipes cliniques de proximité » constituées de généralistes, de spécialistes, de pharmaciens et d'infirmiers libéraux.
Manque de confiance en l'avenir
Même si le SML a accepté de signer les accords conventionnels sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les assistants médicaux, leur mise en œuvre dans les territoires déçoit fortement son président. Les CPTS restent « un parcours du combattant » pour les médecins de terrain. « Trop de paperasseries encore ! Il faut au minimum un an pour les monter. On propose de simplifier le dispositif de création en 10 pages tout compris », dit le Dr Vermesch. Sur les assistants médicaux, « les médecins hésitent à recruter en raison d'un manque de confiance en l'avenir. Comment embaucher quand on est en train de confier les actes un peu plus rentables aux autres professionnels de santé et qu'on refuse toute revalorisation de l'acte ? », déclare le médecin.
Aux yeux du SML, le retour de confiance à l'exercice libéral est possible si l'acte de base dont « la valeur reste à discuter » est revalorisé et que la révision de la nomenclature des actes en cours n'est pas synonyme de baisses de rémunération pour les médecins libéraux. « On parle déjà d'une décote de 30 % pour les actes de cataracte », avance le Dr Vermesch.
Alors que le gouvernement doit rendre ses derniers arbitrages sur le budget de la Sécurité sociale 2020 (PLFSS 2020), le syndicat réclame au gouvernement un « programme de revalorisation de l'acte » et l'extension de la ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) à toutes les spécialités. Aujourd'hui, la ROSP ne concerne que les médecins généralistes, les cardiologues, les gastroentérologues et les endocrinologues, « L'ONDAM pourrait être à 2,3 % après un ONDAM 2019 à 2,5 %, croit savoir le Dr Vermesch. On va réduire les moyens pour la ville. Ce serait un mauvais signal », prévient le Dr Vermesch.
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