Pour tenir la promesse de François Hollande, « garantir un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes d’ici 2015 », le gouvernement a actionné deux leviers : la mise en place (prioritaire) de médecins volontaires correspondants du SAMU mais aussi le recours à l’hélicoptère sanitaire, moyen spectaculaire mais qui garde ses détracteurs.
Enthousiaste, Marisol Touraine s’est félicitée mi-février du chemin parcouru : 43 hélicoptères sont à la disposition des services mobiles d’urgence et de réanimation (Smur). Depuis deux ans, les implantations se multiplient. Assurant les vols d’urgence mais aussi les transports inter-hospitaliers, ces « HéliSmur » ne sont pas achetés, mais loués. Celui de Chalon-sur-Saône, que Marisol Touraine a inauguré le 10 février, coûte 1,45 million d’euros en année pleine (hors mobilisation des équipes hospitalières).
Faut-il recourir à de nouveaux aéronefs pour répondre à l’exigence des 30 minutes ? Circonspect, le Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), juge que le parc d’hélicoptères du Samu est... suffisant. « Pourquoi la sécurité civile ne continuerait-elle pas à mettre ses hélicos à disposition des SMUR au coup par coup ? », suggère-t-il. Les hélicoptères, ajoute l’urgentiste, ne sont pas la réponse à toutes les situations. « Ça ne vole pas ou peu la nuit ni par mauvais temps, et les durées de chargement et de déchargement sont sensiblement plus longues qu’avec une ambulance ». De surcroît, « il n’y a pas la hauteur pour installer une perf, ni l’espace pour procéder à un massage cardiaque ». L’urgentiste estime qu’« avec l’argent de ces hélicos, on ferait mieux de renforcer les services d’urgence ».
En période de disette budgétaire, la « mode » des hélicos jette le trouble. Il y a quelques jours, la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité a appelé la population, les soignants, et les élus à « la plus grande vigilance afin que la création de ces nouveaux moyens héliportés n’entraîne pas la fermeture de structures de proximité ».
D’autres griefs sont avancés, liés à l’ergonomie des appareils. Le Dr Frédéric Pain, urgentiste au CH Nord Deux-Sèvres, déplore que dans certains hélicoptères, l’équipe soignante n’ait accès qu’à la partie supérieure du corps du patient. Autre hic : dans certains établissements, dont Poitiers, la « drop zone » se situe loin du site des urgences, augmentant inutilement les délais.
Doctrine.
Le Dr Nicolas Letellier, président de l’Association française des utilisateurs d’hélicoptères sanitaires hospitaliers (AFHSH), a un argumentaire rôdé. L’hélicoptère raccourcit les délais de prise en charge, notamment pour des « pathologies chronométriques » comme l’infarctus ou l’AVC. L’exiguïté des appareils ? « Les hélicos ne sont pas des salles d’opération », souligne-t-il à juste titre. L’AFHSH appelle surtout de ses vœux une « doctrine d’emploi » de l’hélicoptère précisant la philosophie d’implantation, les règles de bonnes pratiques et les recommandations en matière de matériel et d’équipement.
Le conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH), très favorable aux HéliSmur, a fait un grand pas en ce sens. En janvier, son rapport proposait « une organisation nouvelle reposant essentiellement sur des HéliSmur ». Un rapport lu attentivement par Marisol Touraine : depuis le début de l’année, plusieurs commandes d’hélicoptères par les agences régionales de santé (ARS) ont été annoncées.
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