La sous-représentation des femmes dans la recherche et les publications est connue. Il y a moins de femmes parmi les premiers et derniers auteurs d’articles scientifiques ; quand elles cosignent des articles, elles ne sont pas dans les meilleures positions. Il y a aussi moins de femmes parmi les relecteurs d’articles et au sein des comités de rédaction.
En juin 2021, Harold Bauchner, rédacteur en chef du Journal of the American Medical Association (JAMA), avait été sévèrement critiqué dans un article du New York Times de mars 2021. Un rédacteur blanc du JAMA avait expliqué dans un podcast (retiré depuis) que le racisme n’existait pas. Cet accident a entraîné la démission d’H Bauchner, avec de nombreux éloges de la profession.
Cet incident est révélateur d'un nouvel état d'esprit. En mai 2022, un rapport de 440 pages des Académies des sciences américaines avait le titre : "Améliorer la représentation dans les essais cliniques et la recherche. Construire l'équité dans la recherche pour les femmes et les patients sous-représentés". Des progrès ont été faits pour la représentation des femmes blanches, mais pas pour les minorités, à savoir des populations dénommées Asian, Black, Latinx Americans, American Indian/Alaska native. D’autres groupes sont peu représentés dans les essais : femmes enceintes ou allaitantes, handicapés et LGBTQIA+ (lesbian, gay, bisexual, transgender, questioning, queer, intersex, asexual and pansexual). Le système des mâles blancs aux têtes grises contrôlant la recherche semble révolu… Des convenances sociales empêchent les jeunes chercheurs et autres minorités de s’exprimer.
Editorial, sessions et relecteurs dédiés
Tout va vite : en mai 2022, adaptation des recommandations du Comité international des rédacteurs médicaux ; en juillet 2022, nomination d’une rédactrice en chef des revues du groupe JAMA : Kirsten Bibbins-Domingo, l’une des deux rédactrices du rapport sur les sous-représentations de minorités, professeur de médecine, directrice du département d’épidémiologie et biostatistiques de l’Université de Californie, San Francisco. ; cette Américaine née en Allemagne a une couleur de peau que je qualifie de brun clair (entre marron foncé/noir et blanc mat). Les initiatives sont nombreuses en Amérique du Nord, et commencent en Europe.
· L’Académie américaine de neurologie a consacré des pages de son blog et de son site concernant le concept IDEAS, à savoir en anglais Inclusion, Diversity, Equity, Anti-racism, & Social Justice ; les revues américaines de neurologie ont nommé des rédacteurs avec la fonction EDI (équité, diversité, inclusion) ; ils relisent les manuscrits acceptés avant de les publier ; ces rédacteurs, anciens doyens retraités, font des remarques pour plus de 90 % des articles ; des remarques peuvent nous surprendre, compte tenu qu’en Europe, il n’est pas toujours possible de collecter certaines données ; un exemple : est-ce que le sexe est déclaratif ou après examen clinique ?
· Une session sur cette thématique, avec six communications orales a été programmée lors du congrès du Peer Review en septembre à Chicago ; des sessions dédiées existent désormais dans de nombreux congrès ;
· Un éditorial du comité de rédaction du JAMA Dermatology (octobre 2022) apporte beaucoup plus de questions que de réponses pour intégrer les principes DEI (diversité, équité, inclusion) ; comment améliorer la diversité des auteurs, relecteurs, rédacteurs ? Comment attirer plus d'articles sur les problématiques de la couleur de la peau ? Comment s'assurer de la diversité dans les essais cliniques ? Comment évaluer la diversité, l'équité et l'inclusion et comment mesurer les progrès dans les publications ?
Que va faire notre vieille Europe qui jure CNIL (Commission nationale informatique et libertés), RGDP (règlement général sur la protection des données), etc. ? Des revues américaines vont-elles demander aux chercheurs européens de s’expliquer sur ces points ? Les Sociétés savantes, les revues scientifiques d’obédience européennes vont-elles emboîter le pas de l’Amérique du Nord ? Les discussions ont commencé. Trois organisations, ALLEA (ALL European Academies), GYA (Global Young Academy, réseau de 200 jeunes chercheurs de 100 pays, de toutes disciplines) et STM (Association des éditeurs, basée à Londres) organisent une conférence sur le rôle des IDEA dans l’évaluation par les pairs ; dans ce cas, IDEA veut dire Inclusion, Diversité, Équité et Accessibilité ! Habituons-nous à ces abréviations qui vont devenir communes : EDI, DEI, IDEA, IDEAS,…
Exergue : EDI, DEI, IDEA, IDEAS… Habituons-nous à ces abréviations qui vont devenir communes
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