L’AFSSAPS, dans un communiqué qu’elle souhaite voir relayer le plus largement, en particulier auprès des associations de patients, met en garde les personnes infectées par le VIH contre un protocole expérimental, nommé « A72 » ou « JMAR », proposé sur le site Internet de l’association Sidaventure. « Nous avons été alertés par le collectif interassociatif TRT5 (Groupe interassociatif traitements & recherche thérapeutique) et l’association AIDES : des personnes séropositives avaient été directement contactées pour participer à ce pseudo-protocole de recherche », précise Stéphane Lange, à la direction de l’Inspection et des Établissements, unité des enquêtes spéciales de l’AFSSAPS.
Sur le site de l’association, créée en 2005 pour aider à la réinsertion et à la réadaptation sociale et professionnelle des personnes en situation d’exclusion et/ou de précarité du fait de la maladie, l’annonce est sans ambiguïtés : « Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous avons un remède contre le VIH/sida basé sur dix espèces de plantes endémiques, les JMAR1 et JMAR2 ». Le projet de protocole y est détaillé de même que les modalités d’inscription. « Si vous choississez de participer au traitement, vous devez : arrêter totalement la prise d’ARV au moins pendant le traitement », y est-il entre autres indiqué. La promesse : guérir définitivement du sida après un traitement de 1 à 2 mois.
« Ce n’est pas la première fois que des produits miracles contre le sida sont proposés, une pratique qui relève du charlatanisme, souligne Stéphane Lange, mais c’est la première fois qu’une proposition d’essai est ainsi faite. »
L’agence précise que ce produit, qui serait composé de plantes originaires de Madagascar, « n’a reçu aucune autorisation de mise sur le marché ». Aucune donnée sur « la composition, la qualité, la toxicité du remède et l’éventuelle efficacité du produit utilisé » n’ont été soumises à l’AFSSAPS. Quant au protocole, il « n’a fait l’objet d’aucune autorisation de recherche biomédicale délivrée par l’AFSSAPS ni d’aucun avis favorable d’un Comité de protection des personnes, nécessaires avant la mise en uvre en France de toute recherche biomédicale ».
Perte de chance.
Le communiqué met l’accent sur les risques pour la santé : une participation à ce protocole « qui impliquerait l’arrêt des traitements antirétroviraux prescrits pour le traitement de l’infection par le VIH pourrait constituer une perte de chance et un danger pour les patients ».
Le directeur général de l’AFSSAPS a par ailleurs rappelé par courrier aux dirigeants de l’association « les obligations légales applicables aux essais cliniques et les a mis en garde contre toute violation de ces obligations ».
L’association, localisée à Saint-Michel de Double (Aquitaine), qui a publié sur son site la mise en garde l’AFSSAPS, persiste, tout en précisant que pour l’heure l’esai n’était qu’à l’état de projet et qu’elle tenait « bien évidemment à mettre en place ce protocole en toute légalité ». Dans un courrier adressé à différentes personnalités, dont le président de la République, l’association fait état de travaux fondés sur la médecine traditionnelle malgache mais non reconnus par les autorités du pays et d’essais cliniques effectués à l’île Maurice. L’AFSSAPS n’a pour l’heure entrepris d’action qu’en France. Affaire à suivre.
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