Cancer de la vessie : le Circ plaide pour la validation de son test urinaire et son utilisation en pratique clinique

Publié le 23/05/2022
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : PHANIE

Dans une récente publication (IARC Evidence Summary Brief), les chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) appellent la communauté scientifique à valider le test urinaire uTERTpm, qui permet de détecter précocement le cancer de la vessie et qui pourrait être utile dans le dépistage des populations à haut risque (fumeurs et travailleurs exposés à des agents cancérigènes de la vessie).

« uTERTpm pourrait être le premier marqueur urinaire à être utilisé dans la pratique clinique de routine du cancer de la vessie, mais il doit d'abord être entièrement validé dans de grandes études internationales bien conçues, plaide Florence Le Calvez-Kelm, chercheuse au Circ et co-autrice du brief. Nous appelons donc les financeurs à soutenir davantage de recherches pour valider uTERTpm comme biomarqueur urinaire afin de faciliter sa mise en œuvre clinique dès que possible. »

uTERTpm est retrouvé dans la majorité des cancers de la vessie

La détection précoce du cancer de la vessie représente un enjeu important en cancérologie alors qu'environ 25 % de ces cancers sont diagnostiqués à un stade tardif. « Pour les stades les plus avancés, le pourcentage de personnes survivant cinq ans après le diagnostic n'est que de 6 %, rappellent les auteurs. Ces taux de survie ne se sont pas améliorés au cours des 30 dernières années. »

Le test uTERTpm, développé au Circ, permet de détecter, grâce à une technique appelée droplet digital PCR (ddPCR), la présence de mutations spécifiques dans le promoteur du gène de la transcriptase inverse de la télomérase (TERT) dans des échantillons d'urine. Ces mutations du promoteur TERT sont retrouvées dans 60 à 85 % des cancers de la vessie (tous stades confondus) ; ce sont les altérations génétiques les plus fréquentes dans ce cancer.

Actuellement, la détection du cancer de la vessie repose principalement sur la cystoscopie, une procédure invasive et coûteuse, le plus souvent associée à la cytologie urinaire. « Aucun des biomarqueurs urinaires disponibles dans le commerce et approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) n'est recommandé par les sociétés d'urologie pour la prise en charge clinique de routine du cancer de la vessie ou le dépistage dans les populations à haut risque », soulignent les auteurs, estimant qu'il y a un besoin important de disposer d'une approche fiable, non invasive et coût-efficace pour compléter, voire remplacer le diagnostic standard par cystoscopie.

Le biomarqueur peut être détecté 10 ans avant le diagnostic clinique

Les performances du test ont été mises en évidence dans deux études : l'étude Diaguro en France et l'étude de cohorte Golestan en Iran. Dans l'étude Diaguro qui a inclus 93 patients diagnostiqués avec un cancer de la vessie primitif ou récidivant et 94 patients avec des conditions urologiques autres que le cancer de la vessie, 87 % des patients atteints d'un cancer de la vessie étaient positifs pour le marqueur et 95 % des personnes sans aucun signe de cancer de la vessie étaient négatives pour le marqueur.

Dans l'étude iranienne, 50 045 personnes de 40 à 75 ans ont été suivies sur 14 ans. Le test a été évalué sur les 38 personnes qui ont développé un cancer de la vessie et sur 152 individus sains : 46,7 % des personnes ayant développé un cancer de la vessie au cours du suivi étaient positives pour le marqueur et 100 % des personnes sans aucun signe de cancer de la vessie étaient négatives pour le marqueur. De plus, le marqueur uTERTpm a été détecté dans l'urine jusqu'à 10 ans avant le diagnostic de cancer de la vessie.

Dépistage des populations à haut risque

Au-delà de ces études, « la validation du biomarqueur uTERTpm dans des études internationales fournirait des informations précieuses pour faciliter sa mise en œuvre clinique. Cela pourrait également conduire au développement de stratégies de dépistage dans les groupes à haut risque, qui bénéficieraient d'une surveillance étroite avec un test simple et non invasif », estime le Dr Emmanuel Vian, urologue à l'Infirmerie protestante de Lyon et co-principal investigateur de l'étude Diaguro.

Actuellement, le dépistage du cancer de la vessie n'est pas recommandé, mais les auteurs considèrent que « le dépistage des populations à haut risque permettrait d'améliorer la survie des patients atteints de cancer de la vessie, en réduisant le stade où le cancer est découvert ».

« Le test uTERTpm peut fournir une alternative rentable aux examens invasifs pour la détection et la surveillance du cancer de la vessie, entraînant une amélioration de la qualité de vie des patients et une réduction des coûts liés à la santé », souligne le Dr Vian.


Source : lequotidiendumedecin.fr