N’importe quel étudiant le sait : réviser ses planches anatomiques juste avant de dormir aide à retenir l’intégralité des os métacarpiens. Selon June Lo de l’université du Surrey, à Guildford, en Angleterre, ce rôle facilitateur de la mémoire attribué au sommeil reste constant, qu’il s’agisse d’un repos nocturne ou d’une sieste diurne.
Cette conclusion provient de deux expériences menées sur des jeunes volontaires, et dont les résultats ont été décrits dans un article publié dans « PLOS one ». Au cours d’une première expérience, les chercheurs ont interrogé 60 adultes de 18 à 35 ans sur une série de 80 mots qu’ils venaient tout juste d’apprendre, avant de les questionner une douzaine d’heures plus tard.
La moitié de ces 60 sujets apprenaient la liste de mots à 21 heures et passaient un nouvel interrogatoire à 9 heures du matin, avec donc une nuit de sommeil entre les deux tests. Les autres apprenaient la liste et passaient leur premier test à 9 heures du matin, et subissaient leur deuxième examen à 21 heures, avec interdiction formelle de se laisser aller à une sieste dans la journée.
Défense de dormir !
Parmi les 80 mots de la liste, 40 étaient sémantiquement liés par paires (avion et pilote, pain et fromage...). Les auteurs ont noté que les patients avaient systématiquement une baisse de performance entre les deux essais, mais qu’ils oubliaient significativement plus de mots quand ils n’avaient pas dormi entre-temps : 2,7 mots oubliés contre 0,43 chez ceux qui avaient dormi une nuit de sommeil complète en ce qui concerne les mots appartenant au même champ sémantique.
Cette différence était encore plus prononcée avec les mots qui ne partageaient pas le même champ sémantique, et donc plus difficile à mémoriser : 6,2 mots oubliés chez les patients n’ayant pas dormi contre 3,43 chez les autres.
Des résultats similaires grâce à la sieste
Les auteurs ont ensuite mené une expérience similaire sur 34 autres jeunes adultes qui devaient apprendre la même liste de mots à 13h30 puis la restituer immédiatement et 90 minutes plus tard. La moitié d’entre eux avaient la possibilité de dormir dans cet intervalle de temps. La qualité du sommeil était attestée par polysomnographie. Dans cette expérience aussi, la différence d’apprentissage était significativement différente entre les deux groupes : 2,26 mots non sémantiquement liés oubliés dans le groupe éveillé contre 0,76 dans le groupe « sieste ».
Les auteurs précisent que si les patients oubliaient, logiquement, plus de mots en 12 heures de veille qu’en 90 minutes, il n’y avait en revanche pas de différence significative entre les patients qui dormaient une nuit de sommeil et ceux qui faisaient une sieste d’une heure. Le sommeil nocturne semblait toutefois mieux faciliter la consolidation de la mémoire en ce qui concerne les ensembles de mots appartenant aux mêmes champs sémantiques. Les bachoteurs sont donc prévenus : ils ont tout intérêt à piquer un roupillon de temps en temps à la bibliothèque universitaire.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque