Des chercheurs britanniques et américains sont en passe de mettre au point un vaccin entièrement synthétique contre la poliomyélite – une version qu’ils qualifient de « plus simple, plus rapide et moins risquée » à produire que les vaccins disponibles actuellement, synthétisés à partir de souches actives ou inactives du poliovirus, et qui présentent le danger d’être accidentellement véhiculés au cours de leur production. Les chercheurs envisagent d’aider à éradiquer complètement la polio avec ce nouvel outil.
Le Pr David Stuart, de l’Université d’Oxford, a présenté les résultats préliminaires de son équipe la semaine dernière au congrès du AAAS (American Association for Advancement of Science) à San Jose, en Californie. « Les premiers résultats sont très encourageants, s’est réjoui le Pr Stuart. En utilisant plusieurs techniques, telle que la cristallographie aux rayons X et la cryo-microscopie électronique, nous avons déjà commencé à produire des structures cristallines et des images de microscopie électronique qui vont nous aider à stabiliser la capside du virus, pour synthétiser un vaccin solide et efficace. »
Le professeur de biologie structurale est aussi directeur scientifique du synchrotron « Diamond Light Source » de Grand-Bretagne où, en 2013, son équipe a élaboré un premier vaccin artificiel, qui s’est révélé efficace pour lutter contre le virus responsable de l’épizootie de fièvre aphteuse (qui appartient à la même famille que celui de la poliomyélite).
Le nouveau projet a déjà convaincu l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Bill & Melinda Gates Foundation, qui ont annoncé l’octroi de 674 000 dollars (591 000 euros).
L’éradication n’est pas loin
En 2014, 350 cas de poliomyélite ont été rapportés dans le monde. La transmission du poliovirus sauvage n’est active que dans 10 pays, dont 3 où le virus est encore endémique (Afghanistan, Nigeria et Pakistan) ; dans les 7 autres (Cameroun, Éthiopie, Guinée équatoriale, Irak, Israël, Nigeria, Somalie), il s’agit d’une réintroduction.
Les campagnes de vaccination en cours reposent essentiellement sur les vaccins atténués oraux pour mettre fin à la transmission du virus entre individus. Un vaccin inactivé est aussi disponible, efficace pour immuniser au niveau individuel, mais qui ne protège pas contre la transmission du virus.
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