Alors que les anticorps monoclonaux dirigés contre le Sars-CoV-2 perdent partiellement ou totalement leur efficacité face au variant Omicron, dont les multiples mutations sont associées à un échappement immunitaire, un « DGS-Urgent » fait le point sur les traitements curatifs et prophylactiques.
En situation curative, la monothérapie de Lilly, bamlanivimab, dont l’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) a pris fin le 31 décembre 2021, ne doit plus être administrée et les stocks doivent être détruits, indique la DGS. De même pour l’association bamlanivimab et etesevimab de Lilly, qui perd son efficacité partiellement face à Delta et complètement face à Omicron : son ATU est suspendue depuis le 31 décembre 2021 et elle ne doit pas plus être administrée, mais, seuls les stocks arrivant à péremption doivent être détruits.
Une perte totale d’activité neutralisante face à Omicron est également observée avec la bithérapie de Roche Ronapreve (casirivimab et imdevimab). Son utilisation doit donc être réservée aux infections liées au variant Delta. Mais, « compte tenu des délais parfois très longs pour obtenir les résultats des tests de criblage, au regard de la situation épidémiologique au niveau local, un accès au Ronapreve pourra être envisagé au cas par cas après accord de l’ANSM via une autorisation d’accès compassionnel », est-il précisé.
Des antiviraux encore efficaces
En situation curative, d’autres traitements restent toutefois disponibles. La dexaméthasone (6 mg/j à dose fixe, pour une durée de 10 jours au maximum) peut ainsi toujours être utilisée pour des patients hospitalisés présentant des symptômes évoluant depuis une semaine.
L’antiviral Veklury (remdesivir, Gilead) est réservé aux seuls patients hospitalisés (hospitalisation complète, de jour ou à domicile) infectés par Omicron, « à risque élevé de forme grave » et « ayant des symptômes depuis moins de cinq jours », est-il souligné. Un suivi clinique est recommandé sur les trois jours d’administration, ainsi qu’une PCR à J7.
Autorisé depuis le 17 décembre, l’anti-inflammatoire Kineret (anakinra, laboratoire Sobi), un inhibiteur de l'interleukine-1α/β qui devrait être disponible prochainement, pourra être administré aux patients avec une pneumonie nécessitant une supplémentation en oxygène et à risque de progression vers une insuffisance respiratoire. Les patients requérant une supplémentation en oxygène ou une ventilation mécanique peuvent également bénéficier, s’ils reçoivent une corticothérapie systémique, de l’anticorps inhibiteur de l’interleukine (IL-6) RoActemra (tocilizumab, laboratoire Roche).
Quant à l’antiviral Paxlovid (PF-07321332/ritonavir, laboratoire Pfizer), il ne dispose pas encore d’AMM européenne. « Ce traitement devrait faire l’objet d’un avis pour un accès précoce en France (HAS et ANSM) d’ici à la fin janvier, dans une indication curative », est-il indiqué.
En PrEP, l’Evusheld doit être proposé aux immunodéprimés
En prophylaxie pré-exposition (PrEP), le Ronapreve perd son efficacité face à Omicron et ne doit plus être utilisé dans ce contexte. La bithérapie demeure un recours en prévention post-exposition, mais « exclusivement en cas de contact présumé avec un variant Delta sous réserve de réaliser un criblage ».
La bithérapie d’AstraZeneca Evusheld (tixagévimab et cilgavimab) reste en revanche indiquée en PrEP « chez les patients adultes à très haut risque de forme sévère et faiblement/non répondeurs à la vaccination après un schéma vaccinal complet ou non éligibles à la vaccination », est-il précisé.
Les patients ayant déjà bénéficié d’une PrEP par Ronapreve doivent passer « le plus rapidement ou au plus tard un mois suivant la dernière injection » à Evusheld sans recours à un dosage d’anticorps anti-S, mais avec un test PCR 72 heures avant l'administration du traitement. L’initiation d’un traitement en PrEP doit en revanche être réalisée après un test PCR négatif et une sérologie quantitative. La DGS insiste sur la nécessité de contacter les patients immunodéprimés « sans délai pour évoquer avec eux les possibilités thérapeutiques en préventif/prophylaxie, ou en curatif dès réception du résultat positif du test ».
Par ailleurs, « tout traitement par Evusheld doit être administré et supervisé par un professionnel de santé qualifié et dans des conditions permettant de prendre en charge une réaction allergique pendant l’administration et au moins pendant 30 minutes après l’administration », précise encore la DGS. Ensuite, un suivi du dosage des anticorps doit être organisé tous les 3 mois afin de confirmer le délai de renouvellement du traitement. « Il est recommandé de privilégier l'usage d'un test identique tout au long du suivi », est-il souligné.
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