Dans un contexte de « forte reprise épidémique », la Haute Autorité de santé (HAS) met à jour ses réponses rapides sous forme de cinq fiches pratiques détaillant les conduites à tenir en ambulatoire face à un patient atteint de Covid-19. L’enjeu principal est d’assurer la prise en charge des patients à risque de forme grave (âgés de plus de 65 ans et/ou avec comorbidité) non vaccinés, incomplètement vaccinés ou immunodéprimés, mais aussi de maintenir une « vigilance » sur le risque de syndrome inflammatoire multisystémique post-infectieux (PIMS) chez les enfants.
La HAS rappelle d’abord les caractéristiques d’une infection par le Sars-CoV-2. Elle intervient après une durée médiane d’incubation de 3 à 6 jours (14 jours au maximum), suivie d’une phase contagieuse de 8 jours en moyenne. Les formes asymptomatiques ou paucisymptomatiques sont les plus fréquentes. Les formes avec pneumonie sont le plus souvent « sans signe de gravité ». Les formes graves se manifestent « soit d'emblée, soit secondairement par des aggravations à la fin de la première ou pendant la deuxième semaine » avec des tableaux « rapidement évolutifs nécessitant une hospitalisation conventionnelle ou en réanimation », est-il rappelé.
Un tableau résume les modalités de prise en charge diagnostique, selon notamment le statut vaccinal.
Surveiller le risque de décompensation
La majorité des patients relève d'une prise en charge en ambulatoire. Cette dernière doit prendre en compte la fragilité des patients « susceptibles de présenter des décompensations rapides » (défaillance respiratoire, complications thromboemboliques ou cardiovasculaires). Les différentes modalités de prise en charge, selon l’âge, la présence ou non de symptômes, le risque de forme grave et le statut vaccinal, sont détaillées dans des fiches pratiques : pour les patients positifs, pour les patients symptomatiques de plus de 12 ans et de moins de 12 ans et pour les contacts asymptomatiques.
Les patients à risque de forme grave et non vaccinés, incomplètement vaccinés ou immunodéprimés doivent « être orientés vers leur médecin pour la prise en charge initiale et la mise en place de la surveillance ». Cette dernière consiste en un oxymètre de pouls (ou saturomètre) pour une surveillance renforcée à domicile (fréquence d’au moins trois fois par 24 heures), éventuellement complétée par une surveillance par un infirmier, et ce, jusqu’à J14 après le début des symptômes ou après la date du test positif.
« Exceptionnellement, une oxygénothérapie pour maintenir une SpO2 > 92 % pourra être mise en place au domicile des patients atteints de Covid-19 dans le cadre d’une équipe pluriprofessionnelle de premier recours en lien avec une équipe hospitalière de référence (pneumologie, maladies infectieuses, soins critiques…) et le Samu », précise la HAS, rappelant que l’oxygénothérapie est réservée aux patients hospitalisés sortant sous oxygénothérapie et à ceux, non hospitalisés, ayant des besoins en oxygène < 4 l/min.
Vigilance face au risque de PIMS
Les patients immunodéprimés bénéficient d’une fiche à part, répertoriant les traitements disponibles. « Il est recommandé d’inciter les patients immunodéprimés, adultes ou enfants âgés de 12 ans et plus, éligibles à un traitement préventif pré- ou post-exposition du Covid-19, à en bénéficier », insiste la HAS. En prévention pré-exposition, ils peuvent ainsi recevoir de l’Evusheld (tixagévimab/cilgavimab). En prévention post-exposition, le Ronapreve (casirivimab/imdevimab), qui s’est révélé inefficace face à Omicron, reste recommandé avec Delta. Enfin, en curatif, le Xevudy (sotrovimab) devrait être disponible prochainement.
Chez les enfants, la survenue de PIMS post-infectieux dans les quatre à six semaines après le début des symptômes doit être surveillée. Toute suspicion nécessite une hospitalisation d’urgence, sans attendre les résultats biologiques. Le PIMS est une « maladie grave avec un risque de décompensation cardiaque à la phase aiguë », est-il rappelé. L’éventualité d’un PIMS « doit être évoquée par le médecin et le pédiatre » devant une fièvre élevée, associée à une altération marquée de l’état général et à des signes digestifs. « Un antécédent d’infection à Sars-CoV-2 est un élément évocateur mais son absence n’écarte pas la possibilité d’un PIMS », précise la HAS.
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