Notre ministre de tutelle s’est fait remettre un rapport concernant la formation professionnelle des médecins (notre édition du 5/11 : « Recertification : ce que préconise la mission Uzan »). Cette dernière deviendrait obligatoire (mais pas pour tous), et nécessiterait la réalisation d’actions diverses de formation. Au total, il faudrait que le médecin accomplisse entre 15 et 30 jours de formation par an.
Se former est un impératif dans notre profession où nous devons prendre en charge des patients qui nécessitent des soins de plus en plus spécialisés. Les connaissances et les technologies évoluant très rapidement, on peut reconnaître qu’un praticien ne se formant pas risque de faire des erreurs dans la prise en charge de ces patients.
Cependant plusieurs questions se posent quant à la mise en pratique de cette « obligation ».
Qui va payer ?
Quel organisme va payer les formations à la totalité des médecins (ils seront tous concernés) ? Le DPC ne peut plus honorer les indemnisations des formations dispensées à 30 % des médecins qui souhaitent entretenir leurs connaissances (certains le font sans indemnisation). Alors à l’avenir comment sera-t-il possible d’indemniser 15 jours de formation pour la totalité des médecins ?
Sur quel critère le professeur honoraire Uzan a-t-il défini le nombre de jours de formation ?
Quid concernant les médecins travaillant en milieu rural. Certains étant éloignés des grands centres pourront-ils effectuer uniquement des formations à distance (e-Learning), ou seront-ils sanctionnés pour leur manque de participation aux formations présentielles ?
Quels seront les organismes accrédités pour effectuer ces formations ? Les organismes de tutelle (Sécurité Sociale), ceux inféodés aux syndicats, les organismes universitaires ?
Comment les médecins vont-ils apporter les preuves de la réalisation de ces formations ? Il semblerait qu’un compte professionnel serait ouvert sur la toile. Les praticiens seraient dans l’obligation de le compléter régulièrement. À une époque où les médecins sont harassés par des tâches administratives de plus en plus importantes, on en rajoute une couche de plus…
Quel organisme sanctionnerait le praticien peu vertueux dans cette noble tâche ? L’Ordre ? De quelle façon la sanction de non renouvellement de la pratique professionnelle pourrait-elle devenir effective, et sur quels critères ?
Néanmoins, il faut savoir que notre confrère, le Pr Uzan, a remis un rapport, et il est possible que les intentions exprimées ne soient pas toutes ou peut-être la totalité suivies... Très triste de voir qu’une nouvelle fois on a mandaté un mandarin pour donner ses lumières sur un dossier brûlant sans demander l’avis directement aux médecins !
Beaucoup d’argent et de temps dépensés (il serait intéressant de chiffrer les dépenses induites par ce rapport) pour une réforme qui ne verra peut-être pas le jour où ne traversera pas les affres du temps comme la rose de Ronsard : « Puis qu’une telle fleur ne dure. Que du matin jusques au soir ! »
De toute manière, nous sommes depuis de nombreuses années informés de la promulgation d’une loi rendant obligatoire la formation des médecins, et en fait il ne s’agit uniquement que de paroles.
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