LE DÉVELOPPEMENT professionnel continu (DPC) traverse une nouvelle crise. Certes, le nombre de praticiens libéraux impliqués dans des actions de DPC continue de grandir – 28 000 d’entre eux ont créé un profil sur mondpc.fr – mais le dispositif en construction fait à nouveau l’objet de très vives critiques.
Le blocage durable des indemnisations (pour perte de ressources) plonge nombre de médecins de ville dans le désarroi. « Il est inadmissible que des participants ne soient toujours pas indemnisés par l’organisme de gestion du DPC (OGDPC), que ce soit pour un premier programme de formation ou même pour un second », affirment en chœur MG FORM, la SFTG, FMC Action, l’AFML et CNGE Action.
Priorités.
Cette grogne associative et parasyndicale n’est pas nouvelle. L’été dernier, certains dénonçaient déjà la paralysie de l’indemnisation des médecins. Le ministère de la Santé avait dû donner une instruction publique pour autoriser l’OGDPC, GIP géré selon des règles budgétaires strictes, à accélérer le paiement des professionnels Quelque 4 300 médecins ayant suivi une formation du 1er janvier au 30 juin avaient pu être payés. « Il n’y a pas de blocage et il n’y en a jamais eu, affirmait alors Monique Weber, directrice de l’OGDPC. La priorité a été de financer les organismes avant les professionnels de santé car ils ont du personnel et des charges. »
Cette procédure de règlement fait débat. « Aucune indemnisation à un second programme n’a été versée aux médecins au motif de protéger les organismes, même si le solde de leur forfait annuel de DPC disponible le permet », accusent les organismes de DPC.
Le Dr Pascal Charbonnel (FMC Action) précise que l’OGDPC défend « le modèle d’une seule action de DPC obligatoire par médecin » et par an. Lorsqu’un praticien suit 3 sessions, il est bien indemnisé pour la première mais l’OGDPC utilise le reste de son forfait annuel de 3 700 euros pour rémunérer en priorité les organismes qui réalisent la 2e et la 3e action. Cette situation place les associations en porte-à-faux. « Certains estiment que les organismes se gavent sur le dos des médecins, confie un responsable associatif. Cela crée un climat détestable. »
Budget serré.
Toute la difficulté pour l’OGDPC est de gérer une enveloppe d’environ 80 millions d’euros par an pour financer le DPC des médecins et des organismes engagés. La quadrature du cercle ? « On est passé d’un système permettant le financement de 8 journées de formation conventionnelle au DPC qui autorise au mieux d’en indemniser 4. Il faut une simplification et des directives claires », analyse le Dr Laurent Saccomano, président de l’AFML.
Contacté par « le Quotidien », le Dr Philippe Bonet, président de l’Union nationale des associations de formation médicale et d’évaluation continues (UNAFORMEC), confirme l’extrême complexité de la situation. « C’est le "souk", aujourd’hui je suis incapable de dire à un médecin s’il sera indemnisé, combien, et quand. On est dans un bateau ivre et personne ne sait où l’on va. »
Paradoxalement, l’informatisation totale du DPC ne facilite pas les choses. « Beaucoup d’associations se replient sur elles-mêmes et sortent de ce système trop bureaucratisé », poursuit le Dr Bonet. La profession aurait perdu la main sur la formation continue, le tissu associatif et les syndicats seraient « marginalisés », ajoute-t-il.
Un ancien dirigeant syndical se montre plus accusateur. Il relève le « jeu trouble » de « syndicats en embuscade » qui bloquent le DPC par une « guerre de tranchées » et voudraient revenir au système ancien. « Avant le DPC, explique-t-il, les syndicats géraient directement les fonds... ».
Trop d’État.
La gouvernance du DPC n’est pas épargnée. La CSMF dénonce l’organisation « étatique » de la formation continue. Elle déplore aussi le report sine die d’une réunion décisive (initialement prévue ce mercredi) sur le niveau des forfaits DPC pour 2014, la prolongation des forfaits non consommés, ou encore la méthodologie d’évaluation de la campagne de DPC 2013. Le syndicat redoute un gel de l’indemnisation des praticiens tout autant que du financement des organismes agréés.
Cible des accusations, l’OGDPC calme le jeu. « S’il y a des bugs, nous essaierons de les résoudre », assure l’organisme gestionnaire, qui invoque surtout...l’absence de RIB pour les défauts d’indemnisation. Un quart des médecins qui ont rempli leur profil sur mondpc.fr n’auraient pas transmis leurs coordonnées bancaires.
Etude et Pratique
Prophylaxie post-TVP : AOD pleine dose ou demi-dose ?
Recommandations
La borréliose de Lyme
Mise au point
Palpitations : orientation diagnostique
En 5 points
Obésité : suivi d’un patient sous aGLP-1