PRÈS DE 2,5 MILLIONS de femmes sont victimes de violences conjugales, selon les estimations de la Fédération nationale Solidarités femmes. Le réseau d’associations, qui gère la plate-forme d’écoute, anonyme et gratuite, 3919, depuis vingt ans, a traité plus de 40 000 appels en 2011. Sur les 42 140 appels, la majorité des coups de fils pertinents, soit environ la moitié, concernait directement des cas de violences conjugales. Le reste des appels portait sur des demandes d’information ou d’autres violences.
Les victimes sont en grande majorité des femmes, entre 30 et 50 ans, qui travaillent et ont au moins un enfant. Mais il arrive aussi que la situation soit inversée, dans 2 % des cas en 2011, un homme était victime d’une femme. L’auteur est la plupart du temps plus âgé que sa victime, de quatre ou cinq ans. C’est aussi très souvent le partenaire régulier, et dans 58,2 % des cas le mari.
Pour déterminer le nombre de femmes victimes de violences conjugales, Solidarité femmes a rapporté les données dont elle dispose aux chiffres de l’Insee sur la population, et elle évalue la proportion de femmes victimes à 9,1 %. Les violences subies peuvent être psychologiques (87,8 %), physiques (79,4 %), verbales (72,3 %), économiques (7,5 %) ou encore sexuelles (6 %), et certaines femmes subissent plusieurs types de violence. Encore très peu d’entre elles portent plainte, seulement 9 %, et elles sont 18 % à avoir obtenu un certificat médical.
À l’instar des années 2009 et 2010, le plus grand nombre d’appels concernant les violences conjugales provenait de l’Ile-de-France, puis de la région Rhône-Alpes et de la région PACA. En revanche, le nombre d’appels est en diminution en 2011 par rapport aux années précédentes.
Pour les victimes de violences, les conséquences sont diverses. Ces femmes déclarent souffrir d’anxiété, et rapportent des atteintes physiques temporaires ou définitives, voire des invalidités. Certaines ont dû quitter leur travail. Enfin, 310 victimes ont confié avoir attenté à leur vie suite aux violences.
Les violences psychologiques en hausse.
Les victimes signalent de plus en plus de violences psychologiques et verbales, des injures, du harcèlement, des menaces ou du chantage. Solidarité femmes a également constaté une augmentation de la gravité des violences physiques, avec l’utilisation d’armes. Les violences sexuelles sont présentes dans 6 % des situations, et sont plus souvent révélées qu’auparavant : 433 femmes ont déclaré avoir subi un viol conjugal et 71 une tentative de viol. Solidarité femmes met en lien la hausse de ces déclarations avec d’une part, la loi de juillet 2010 et la reconnaissance des violences psychologiques, et la dernière campagne ministérielle de 2011 sur les violences sexuelles.
L’association tient à préciser que dans ces situations, les enfants sont en première ligne, et peuvent être des victimes, directes ou indirectes. Environ 15 % des enfants qui résident dans le domicile où se déroulent les violences sont eux-mêmes victimes de maltraitance. Solidarité femme souligne la nécessité de prendre en compte leur situation, car au-delà du risque de maltraitance, les enfants peuvent subir un traumatisme.
Selon l’association, le nombre d’appel est étroitement lié aux campagnes d’informations. Ainsi, lors des campagnes de sensibilisation, les écoutantes ont traité près de 7 500 appels par mois, avec un pic le 25 novembre, journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. Pour l’association cela montre l’importance de mettre en place des campagnes d’informations régulières, relayées au niveau national mais également local, via les services de police, de justice, de santé ou les collectivités.
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