Un guide pour les professionnels

« Aider les gens à se réapproprier leur santé »

Publié le 25/10/2012
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LE QUOTIDIEN - À qui est destiné cet ouvrage, qui n’a pas d’équivalent dans le paysage éditorial de la promotion de la santé ?

ALAIN DOUILLET - À tous les professionnels de santé qui, à un moment de leur activité, doivent animer des groupes, de professionnels (enseignants, éducateurs …), de paramédicaux, de malades ou autres, dans un but d’éducation à la santé ou d’éducation thérapeutique.

Pour les médecins, adeptes du colloque singulier, quel est l’intérêt de l’animation de groupe, par exemple ?

Depuis déjà longtemps, plusieurs spécialités ont pris l’habitude de travailler avec des « groupes de parole », notamment. Pour des disciplines prenant par exemple en charge des patients obèses, cancéreux, ou diabétiques, l’animation de groupe est une démarche très intéressante car elle permet une véritable maïeutique. Pour les participants au groupe eux-mêmes, elle se révèle aussi bénéfique sur le strict plan thérapeutique : il est facile de comprendre à quel point des patients souffrant de la même pathologie peuvent trouver chez les autres participants au groupe réconfort, aide réciproque, réassurance … Vous aurez compris que l’objectif ultime de la promotion de la santé, au fond, est que les gens se réapproprient leur propre santé.

Comment expliquer qu’en France la promotion de la santé et l’éducation à la santé restent à ce point des disciplines confinées, isolées, et peu connues, contrairement à d’autres pays comme la Belgique, le Québec, la Suisse ou encore l’Europe du Nord ?

J’y vois trois raisons. D’abord, il s’agit d’une discipline relativement récente, moins de trente ans, issue de la médecine, qui a été très longtemps assumée par quelques personnalités médicales qui en avaient fait leur « investissement militant ». Le revers de la médaille, c’est que ces médecins ont passé la main, et la deuxième raison est donc qu’il n’y a pas aujourd’hui de leader d’opinion, de personnalité médicale connue susceptible de porter cet étendard au plan national. La troisième raison est tout simplement une question de moyens : l’ensemble du secteur de la promotion et d’éducation de la santé, reste très fragile au plan financier. On vient d’apprendre, par exemple, que l’Institut régional d’éducation pour la santé du Nord-Pas-de Calais est en dépôt de bilan. Dans de nombreuses régions, les projets régionaux de santé persistent à ne pas accorder à la prévention la place et le budget qui devraient être les leurs, malgré tous les beaux discours. Et, partout en France, le maillage des associations de prévention bataille en permanence pour tenir la tête hors de l’eau …

(1) Alain Douillet et col., 25 techniques d’animation pour promouvoir la santé, Éditions du Coudrier, 29,50 euros.

 PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRARD CLAVAY

Source : Le Quotidien du Médecin: 9181