Le Japon va de nouveau promouvoir activement la vaccination contre le cancer du col de l'utérus, après une longue interruption liée à une campagne dans les médias sur des effets indésirables supposés.
Le retour à partir d'avril de cette recommandation gouvernementale, après huit ans de suspension, devrait relancer la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV). Le taux de vaccination dans la population cible contre les HPV est tombé à 1 % au Japon, contre 70 % en 2013.
« Enfin, nous allons pouvoir protéger les vies des jeunes femmes », mais « les huit dernières années vont coûter tant de vies », note Junko Mihara, ancienne actrice devenue élue parlementaire qui a survécu à un cancer du col de l'utérus il y a une dizaine d'années.
Après avoir dû cacher sa maladie pour pouvoir rester sur scène au Japon, elle est devenue, une fois entrée en politique, une ardente défenseure de la vaccination contre les HPV et a occupé le poste de ministre adjointe de la Santé. Chaque année au Japon, environ 10 000 femmes développent un cancer du col de l'utérus et près de 3 000 en meurent.
Opinion publique plutôt que preuves scientifiques
Le Japon avait approuvé le vaccin anti-HPV en 2009 et il était devenu gratuit pour les filles âgées de 12 à 16 ans en avril 2013. Mais à peine deux mois plus tard, le gouvernement avait cessé de le recommander activement en raison de doutes sur un éventuel lien de cause à effet entre son injection et des douleurs chroniques ou de l'asthénie rapportées par des personnes vaccinées.
Le vaccin avait été attaqué par les médias nippons qui ont multiplié à l'époque des articles laissant entendre qu'il pouvait être dangereux. La plupart des responsables politiques et des experts scientifiques du pays étaient restés muets face aux critiques. Au Japon, ils ont continué d'être disponibles gratuitement depuis 2013, mais sans que les municipalités n'envoient des notifications aux personnes concernées.
Ce d'autant qu'à l'étranger aussi, aux États-Unis ou en France par exemple, les vaccins contre les HPV avaient suscité la méfiance d'une partie de la population et entraîné des procédures judiciaires. « Le ministère de la Santé a privilégié l'opinion publique plutôt que les preuves scientifiques », dénonce la gynécologue-obstétricienne Kanako Inaba qui dirige une organisation d'information sur ces vaccins.
Communiquer sur les résultats d'efficacité
Même si des procès sont toujours en cours dans le pays, les vaccins contre les HPV ont été réhabilités dans l'opinion publique japonaise depuis quelques années, grâce aux données supplémentaires disponibles sur leur sécurité et leur efficacité. « Fournir des informations exactes sera crucial pour faire repartir la vaccination anti-HPV au Japon », estime l'élue parlementaire Junko Mihara.
Deux vastes études ont été publiées récemment sur l'efficacité du vaccin pour prévenir les cancers du col de l'utérus, l'une suédoise en 2020 dans « The New England Journal of Medicine » et l'autre britannique en 2021 dans « The Lancet ». Les cas ont significativement décliné chez les jeunes femmes dans les deux pays depuis l'introduction de programme national de vaccination.
En France, la vaccination anti-HPV reste insuffisante (24 % chez les filles en schéma complet en 2018, bien loin de l'objectif de 60 % du plan Cancer 2014-2019). Recommandée depuis 2007 chez les jeunes filles (deux doses de 11 à 14 ans, trois doses de 15 à 19 ans), elle est aussi remboursée chez tous les garçons depuis janvier 2021.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce