NICOLAS SARKOZY a tenté d’expliquer que la réunion de 20 puissances économiques, développées ou émergentes, est de toute façon positive dans la mesure où il vaut mieux discuter que s’ignorer. Il est préférable de contrôler les divergences que de laisser chaque nation gérer ses affaires sans souci du contexte international. Dans ce cas, le succès était acquis d’avance. Si l’objectif est plus la concertation que l’accord, on pourra dire, en toute circonstance, que les sommets économiques n’échouent jamais, ce qui n’est pas vrai.
La vraie question.
Mais les médiocres résultats du G20 ne sont pas catastrophiques. Lorsqu’on sait que l’Europe a tant de mal à coordonner ses politiques éocnomiques, sociales et fiscales, on ne s’étonnera pas de ce que le monde soit encore plus divisé. Il l’est structurellement : il n’existe aucun rapport entre les pays industriels, États-Unis et Europe, qui sont contraints de réduire d’urgence d’énormes déficits publics et des pays émergents come la Chine qui gèrent de considérables excédents. La vraie question (mais a-t-elle été posée franchement à Toronto ?) porte sur le permanence du déséquilibre. Si la Chine accepte aujourd’hui une lente réévaluation du yuan, susceptible de favoriser le développement du marché intérieur au détriment des exportations à tout-va, il faudra des années pour corriger une mondialisation qui a affaibli l’emploi durablement en Europe et aux États-Unis.
Il n’empêche qu’il ne saurait y avoir un unique remède mondial aux maux dont souffrent les pays industrialisés depuis près de trois ans. Ni l’Inde, ni le Brésil, ni même la Russie n’ont besoin de réduire leurs déficits publics. On regrettera que les Américains n’aient pas rejoint les Européens dans leur volonté de taxer les banques. Il s’agit d’ailleurs moins de faire régner la justice (les banques ont provoqué la crise et elles ont été les premières à en sortir) que de trouver de nouvelles ressources pour les États. Sur ce point au moins, il aurait dû être possible de trouver un accord euro-américain. Il n’en a rien été, mais il ne faut pas oublier que Barack Obama a lancé une politique de régulation du système bancaire beaucoup plus sévère que celle de l’Europe. C’est donc confirmé : chacun met en place des mesures et peut-être y aura-t-il convergence des résultats s’il n’y a pas de convergence des méthodes.
LE RETOUR À L’ÉQUILIBRE SE FERA PAR LE JEU DE L’OFRE ET DE LA DEMANDE
Les pays émergents sont dans une période d’euphorie parce que la crise ne les a même pas égratignés et qu’ils bénéficient d’une très forte croissance. Cependant, ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas demain. Le président des États-Unis s’inquiète à juste titre d’une rigueur qui s’étend en Europe à grande vitesse, car à peu près tous les gouvernements du Vieux-Continent sont engagés dans une politique de réduction des déficits publics. C’est à celui qui se montrera le plus rigoureux. Or la croissance américaine est de deux points supérieure à celle d’une Union européenne où la raréfaction des investissements risque de brider la croissance un peu plus encore, et fermer des marchés européens à l’Amérique. On n’a pas l’impression que ce risque d’une réduction des déficits qui aboutirait à l’inverse de l’effet recherché ait été soupesé à Toronto. Nous risquons tout simplement, au terme d’une vaste campagne d’austérité, d’avoir une croissance si faible que le manque de recettes augmentera encore un peu plus les déséquilibres des régimes sociaux.
Ce que veulent les Chinois.
À part leur geste symbolique concernant le yuan, les Chinois n’ont pris aucun engagement susceptible de diminuer leur taux de croissance. Pour les mois qui viennent, ils s’efforceront d’exporter énormément. Ce sont néanmoins d’excellents gérants de leurs acquis et ils savent parfaitement que la croissance à 10 % va s’affaiblir peu à peu. Car il est impossible, compte tenu des besoins de la population chinoise et de ses revendications de plus en plus vigoureuses, de maintenir des salaires trop bas en Chine ; les Chinois veulent consommer, c’est-à-dire améliorer leur niveau de vie, donc développer le marché intérieur. En définitive, ce que les sommets diplomatiques ne sont pas capables de produire, le simple jeu de l’offre et de la demande finira par l’imposer.
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