C’EST principalement Arnaud Montebourg, Saint-Just contemporain au PS, qui milite contre le cumul des mandats. À première vue, il s’agit d’une philosophie destinée à mettre un supplément de justice et de droit dans la vie de la classe politique. En même temps qu’il dénonce, à peu près tous les jours, les méthodes de la droite au pouvoir, jugées cavalières et promptes à bafouer la démocratie, le parti socialiste imprègne sa campagne de nobles sentiments. C’est par exemple la société du « care », mot plein d’empathie qui annonce une politique sociale extraordinairement généreuse. C’est le non-cumul des mandats, indispensable si l’on veut empêcher les mêmes de se trouver dans tous les postes de la République. Premier problème tactique : peu émue par ce grand élan généreux, la droite ne fait pas mine d’imiter le PS et peut donc tirer avantage d’un principe appliqué seulement à la gauche, mais pas à elle-même. La bonne marche des choses exigerait un consensus national qui contraindrait tous les partis politiques à interdire le cumul. Deuxième problème : le cumul n’est pas seulement au service de la notoriété des élus, il leur permet de peser davantage, nationalement et localement, sur la vie du pays.
Un débat inexistant sur le fond mais violent sur la forme.
Dans la mesure où, en définitive et en dépit de quelques accrochages, Martine Aubry, parvient, lentement mais sûrement, à définir les grandes lignes de l’action de la gauche en vue de la reconquête du pouvoir, on accordera plus d’importance à l’essentiel, un parcours continu, qu’aux petits épisodes qui jalonnent la marche vers 2012. La droite restera goguenarde jusqu’au moment où elle sera attaquée au sujet du cumul par les candidats de gauche en campagne, capables d’attirer l’attention de l’électorat sur ce sujet, qui n’est pas du tout secondaire. Il n’en demeure pas moins que le non-cumul ne sera pas une règle valable pour tous les partis, et que, dans ces conditions, le PS se créé délibérément une faiblesse tactique, peut-être pas pour 2012, en tout cas pour après.
LE NON-CUMUL DES MANDATS DÉPEND D’ABORD DES ÉLECTEURS
La vraie question de fond porte sur la morale en politique. Elle concerne l’efficacité du « care » dans le domaine social. Répondre au dénuement, au chômage, à l’endettement, au manque de soins, à la marginalisation par un grand (et coûteux) mouvement du cœur n’est pas la panacée. Les libéraux auront vite rétorqué que le seul moyen de rendre leur dignité aux chômeurs et aux personnes en fin de droits, c’est d’investir, de vendre et de créer des emplois. Le fossé idéologique entre droite et gauche s’est largement comblé depuis deux ou trois décennies, ce qui explique d’ailleurs la fascination de l’électorat de droite pour Dominique Strauss-Kahn, mais le débat, lui, est toujours plus intense, orageux, violent. À la droite, la gauche semble dire : vous êtes des sans-cœur. Réponse : vous êtes des naïfs.
On ne doit pas ménager son admiration à une formation politique qui tente de se sublimer, de se rapprocher au plus près possible d’un impeccable comportement. Il faut se méfier quand même des appels du genre Ségolène Royal au Zénith qui faisait scander fra-ter-ni-té à ses militants : le comble de l’infantilisme. Oui, il faut se méfier d’une vertu affichée, mais refoulée au fond des âmes sous une épaisse couche de rancœurs. Et, pour ce qui concerne le non-cumul, il vaut mieux se référer aux règles qui régissent les élections. Après tout, les électeurs sont libres de refuser deux postes au même candidat. Ce sont eux qui organisent le cumul, sans doute parce qu’ils pensent qu’un élu local qui dispose aussi d’une exposition nationale défendra mieux leurs intérêts. Un renoncement personnel et délibéré au cumul est infiniment plus convaincant : Ségolène Royal a donné le bon exemple quand elle a renoncé à son poste de député pour se consacrer entièrement à sa région. Excellent calcul : elle n’a rien perdu de sa popularité nationale, même si elle a un peu trop tendance à se référer à la région Poitou-Charentes comme si c’était le paradis sur Terre. On peut craindre en revanche que les élus interdits de cumul par les oukases qu’adopte le PS chercheront à contourner l’obstacle.
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