LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN refuse obstinément de se laisser enfermer dans le dilemme entre les droits de l’homme et les progrès diplomatiques. Toute son énergie est dédiée à présenter l’Amérique sous un jour pacifique, à l’opposé de son prédécesseur, qui voulait régner par la menace et a échoué. Sur le plan des droits de l’homme, M. Obama n’a pas été absent, qui a rendu visite au siège du journal de la journaliste assassinée, Anna Politkovskaia, et a demandé publiquement, mardi matin, au régime russe, de se démocratiser. Si les Russes s’en sont offensés, on le saura plus tard. Pour le moment, les deux pays sont d’accord pour réduire le nombre de leurs têtes nucléaires, qui pèse sur les budgets de la défense. Le projet de bouclier antimissile à installer en Europe de l’Est, voulu par M. Bush, est pour le moment suspendu. En principe, un tel bouclier doit protéger l’Europe d’une attaque nucléaire iranienne. Les Russes, qui le considèrent comme une violation des traités qui les lient aux États-Unis, et craignent surtout que le bouclier serve à intercepter les fusées de Moscou, ont fait diverses propositions alternatives, par exemple mettre au service des Européens de l’Est les systèmes de défense dont ils disposent eux-mêmes.
L’Iran et le nucléaire.
Barack Obama va revenir au principe de base du projet : il s’agit de neutraliser l’Iran. Il est évident que si Moscou consent à participer à la vaste campagne de persuasion que l’Occident mène pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme atomique, le projet de bouclier antimissiles peut être abandonné. Même les Russes, souvent caustiques à l’égard de tout ce qui est américain, y compris la nouvelle administration, ne nient pas qu’il y a, dans la politique d’Obama, de quoi négocier et progresser vers l’apaisement des relations américano-russes. M. Obama ne désespère pas non plus d’associer Moscou à un règlement du conflit israélo-palestinien et à de nouvelles relations avec la Syrie. Encore faut-il que les Russes admettent qu’ils ne sont pas victimes d’une tentative d’encerclement des États-Unis et guérissent donc de leur paranoïa.
S’il y a de l’espoir du côté américano-russe, il y a beaucoup moins à attendre du sommet des huit pays les plus riches du monde, le G8, en Italie. Il s’agit de prendre la mesure de la crise, d’en définir la durée, de s’assurer que ses causes délétères sont enfin maîtrisées. L’expérience a montré qu’il est urgent d’assainir les bilans des banques dans le monde, mais que les banques n’y tiennent pas, qui n’ont qu’une préoccupation : rembourser au plus vite les prêts que les États leur ont accordés pour que reprenne le business as usual. Alors même que nombre d’analystes nous disent que nous n’en sommes, en réalité, qu’au début de la crise. Cela est peut-être vrai, cela peut être faux, mais les populations qui dépendent du G8 ont besoin d’être rassurées, dès lors que l’année prochaine est déjà comptée comme une année sans croissance. Le G8 sait que le chômage a atteint une proportion inacceptable et que, comme le demande la France dans toutes les instances internationales, il est indispensable de coordonner les politiques économique, financière et monétaire si l’on ne veut pas que la crise dure dix ans.
Soyons réalistes : M. Obama croit foncièrement à la capacité de rebond de son pays et à l’effet d’entraînement d’une reprise américaine, qu’il continue d’espérer pour l’an prochain. Il n’est pas enthousiaste à l’idée d’une réforme susceptible de remettre en question le modèle libéral, lequel, avant de tous nous plonger dans la faillite,a assuré la croissance du monde pendant de longues années. On a trop vite fait de condamner un système dont chacun sait depuis longtemps qu’il se rompt de temps en temps mais qui, entre les ruptures, apporte expansion et développement.
Un choc des mentalités.
Bref, le G8 sera plus que jamais un choc des mentalités. Quant à ceux qui ne cessent d’annoncer le déclin américain, l’émergence de la Chine, l’arrivée en force du Brésil, sous la houlette d’un président Lula qui, depuis quelque temps, rejoint les gauchistes sud-américains, comme Hugo Chavez, ils ne peuvent pas nier que l’Amérique, encore une fois, conduit le bal.
Au G8, l’Europe n’aura pas donné d’elle-même sa meilleure image, à cause des ses divisions, mais aussi parce que Silvio Berlusconi a eu l’idée funeste de réunir ses alliés à l’Aquila, cette ville italienne détruite récemment par un séisme. M. Berlusconi n’est pas seulement un bouffon incorrigible, c’est aussi un chef de gouvernement incapable d’accomplir son travail. Le G8 à l’Aquila devait être un hommage du monde à une ville sinistrée. Le problème, c’est qu’au lieu de reconstruire la ville avec l’argent du contribuable italien, on s’est contenté de retaper les endroits « historiques » où devait se tenir le sommet. Autrement dit, on a sacrifié la nécessaire générosité envers les victimes à la gloriole de la réunion. Exemple détestable offert par une Italie devenue incompétente, inefficace, corrompue. Une Italie qui n’est pas seulement un pays, mais une civilisation à elle seule, mais qui sombre, encore plus vite que la France, dans les déficits et la gabegie.
DÉCLIN DE L’AMÉRIQUE ? À MOSCOU ET À L’AQUILA, ELLE CONDUIT LE BAL
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