LES FRANÇAIS souffrent quotidiennement des effets de la mondialisation : taux de chômage élevé, précarité, baisse du pouvoir d’achat, désindustrialisation. Des bataillons entiers de la classe moyenne basculent dans la pauvreté. La jeunesse et les seniors sont plus atteints par le chômage que le reste de la population. La protection sociale, qui a contribué énormément à la dette pendant trente ans est aujourd’hui à bout de souffle et ne peut être maintenue sans une réduction des prestations, ce qui alimente encore plus le dénuement.
Cependant, personne n’a instauré la mondialisation. Longtemps, les pays dits riches croyaient aider les pauvres par des injections de capital qui ont surtout entretenu la corruption. Quand les nations, aujourd’hui appelées « émergentes », ont pris en main leur propre sort économique en appliquant les lois du marché, elles ont connu un essor que la planification et l’assistance n’ont jamais réussi à inspirer. Le principe de la mondialisation est simple : tout le monde est le client de tout le monde et n’importe quel produit peut être fabriqué n’importe où et vendu n’importe où. Grâce à des concertations planétaires, comme l’Organisation mondiale du commerce, on a abattu la plupart des frontières commerciales. L’Asie d’abord, et aujourd’hui l’Afrique, ont tiré le meilleur parti de cette sorte de nivelage économique (qui est aussi une forme d’égalitarisme) : elles produisent des objets moins chers, de qualité égale à celle des produits américains ou européens et nous ont pris d’énormes parts de marché.
Quelques aberrations.
Nous avons profité de ce phénomène et en profitons encore en tant que consommateurs. En tant que producteurs, en revanche, les pays qui nont pas vu que l’atelier du monde se déplaçait d’ouest en est, qui n’ont pas modernisé leurs structures, qui n’ont pas fabriqué à meilleur marché ou n’ont pas créé de nouveaux produits indispensables, ont perdu des dizaines de millions d’emplois et des dizaines de milliers d’usines. C’est une épreuve cruelle pour les Européens et les Américains, mais il est juste de reconnaître que, sans la libéralisation de l’économie mondiale, d’immenses espaces géographiques qui, pendant deux millénaires, n’ont connu qu’une immense misère, sont en train, peu ou prou, de rattraper leur retard. S’insurger contre la mondialisation, c’est aussi nier à d’autres peuples le droit au développement économique.
La mondialisation a néanmoins ses limites. La Chine, qui en est l’exemple le plus éloquent, ne peut pas maintenir longtemps les salaires à un niveau excessivement bas ; elle est contrainte de créer des systèmes sociaux comparables à ceux d’Europe et des États-Unis. Bien que sa croissance ait à peine ralenti, elle commence à faire face à des troubles sociaux et à des exigences de liberté multiples chez les Chinois. En même temps, le nombre des délocalisations vers l’Est diminue et certaines entreprises européennes ou américaines relocalisent parce que, tout compte fait, il est parfois moins cher de produire sur place avec des salaires élevés que de produire loin et de payer le transport. Il y a, effectivement, dans la mondialisation, des aberrations qu’il est temps de combattre : consommation d’énergie accrue, piratage des brevets, manipulation de la monnaie chinoise qui vise à maintenir artificiellement des coûts de production les plus bas possibles et surtout difficulté à négocier avec un gouvernement autoritaire, celui de Pékin, qui n’a pas à rendre des comptes comme dans une démocratie.
LA SEULE RIPOSTE À LA MONDIALISATION, C’EST LA RÉFORME NATIONALE
Le souci de M. Montebourg de rendre leurs emplois aux Français n’est pas seulement louable, il traduit un impératif politique, économique et social. Mais démondialiser par le protectionnisme est suicidaire : la France peut toujours refuser d’acheter en Chine ; le corollaire, c’est que la Chine n’achètera plus en France et que nous perdrons encore des emplois. Ce qui fait la force d’un produit, c’est son prix et sa qualité, ce n’est pas de supprimer la concurrence. Les Allemands l’ont fort bien compris qui, dans ce climat épouvantable pour l’Europe, ont un commerce extérieur largement excédentaire en vendant à l’étranger, en Chine notamment, des machines qui sont les seuls à construire. Il n’y a pas de miracle allemand. Il y a eu, il y a plus de dix ans, une réforme économique et sociale allemande, un effort national d’innovation, un encouragement systématique à la recherche qui ont produit leurs effets, alors que, à la même époque, nous nous contentions de relancer la croissance par la consommation. La meilleure démondialisation, c’est la réforme des structures nationales, celle qui a commencé en France mais est loin d’être achevée et à laquelle M. Montebourg s’est vivement opposé. Bien sûr, il est difficile, sinon impossible, de réclamer des sacrifices à une population déjà en plein désarroi. Il n’empêche : tôt ou tard, il faudra procéder aux réformes que nous avons rejetées jusqu’à présent avec beaucoup de constance.
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