Alors que la Journée européenne du don d'organes se tiendra le 12 octobre, l'Agence de la biomédecine (ABM) lance une campagne de sensibilisation au don de rein du vivant du 12 au 25 octobre pour promouvoir une information précoce et pluridisciplinaire.
Dans son rapport annuel, l'ABM fait état de 5 805 greffes d'organes réalisées en 2018 contre 6 105 en 2017 (baisse de 5 %). La baisse d'activité, particulièrement importante en début d'année, a pu être contenue par la mobilisation des équipes. Avec un recul de 11 % (541 greffes en 2018), la greffe de rein à partir de donneurs vivants est particulièrement concernée par ce phénomène. Un constat partagé par de nombreux pays.
Le don vivant favorise la greffe préemptive
Alors que les greffes à partir de donneurs vivants offrent de meilleurs résultats à long terme aux patients atteints d'insuffisance rénale chronique terminale, elles ne représentent que 15 % des 3 567 greffes de rein réalisées en 2018.
Plusieurs leviers d'action doivent être renforcés pour encourager le développement de ce type de don, comme l'identification des freins et le fait de donner les moyens aux établissements de santé de développer cette activité complexe. Le Pr Olivier Bastien, directeur Prélèvement greffe organes-tissus à l'ABM, rappelle qu'un million d'euros ont été alloués à la filière du don du vivant par la campagne tarifaire et budgétaire 2019 des établissements de santé.
Une information précoce est également essentielle. « Le patient en attente de greffe doit bien sûr être bien informé, mais son entourage doit aussi prendre conscience qu'il peut être acteur du don », estime le Pr Bastien. Tout en rassurant l'un et l'autre sur le risque minime que représente le prélèvement pour le donneur. Avec un proche donneur, la greffe pourra être programmée et réalisée dans un délai plus court, avec la possibilité éventuelle d'une greffe préemptive, c'est-à-dire sans passage par la dialyse.
Une information répétée et pluridisciplinaire
« La greffe par don du vivant est un projet qui se mûrit, s'anticipe. L'information doit être répétée et délivrée par les différents professionnels de santé en contact avec le patient : médecin généraliste, néphrologue, infirmier, pharmacien…, souligne le Dr Myriam Pastural, néphrologue et membre de l'ABM, qui a contribué à l'élaboration des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la transplantation rénale. Le médecin généraliste tient une place privilégiée car il suivra le patient après la greffe et connaît éventuellement son entourage ». Sur le site de l'ABM, un espace « médecin traitant » leur est dédié pour les accompagner.
La possibilité de donner un rein n'est pas restreinte à la famille : les conjoints ou personnes proches justifiant d'un lien affectif et stable depuis plus de 2 ans le peuvent également. « En France, nous avons de la chance d'avoir la loi de bioéthique qui encadre le don du vivant et protège les donneurs : absence de pression, neutralité financière, suivi médical à vie… », précise le Pr Bastien.
Élargissement du don croisé
Par ailleurs, la loi de bioéthique, qui sera votée à l'Assemblée nationale le 15 octobre, prévoit d'élargir le don croisé à plusieurs paires de donneurs-receveurs (contre deux paires uniquement actuellement). Toutefois, comme le soulignent le Pr Bastien et la Dr Pastural, le don croisé, s'il a le mérite de répondre à des situations précises, restera marginal.
Le plan 2017-2021 avait fixé comme objectif d'atteindre 1 000 greffes rénales à partir de donneur vivant d'ici à 2021. « Nous continuons d'y croire. Nous avons déjà connu des périodes de recul où le retard a pu être rattrapé grâce aux différents moyens mis en œuvre », avance, confiant, le Pr Bastien.
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