LE CANDIDAT SOCIALISTE a raison sur tous les points qu’il a mentionnés : l’accord de Bruxelles, que l’on nous a présenté comme « historique », contient de larges lacunes. Il promet une convergence fiscale et budgétaire des politiques économiques. Elles seront cependant difficiles à mettre en place et prendront beaucoup de temps, alors que se multiplient les menaces et les actes des agences de notation. Il manque au texte européen la solution à court terme qui aurait aussitôt calmé les marchés : les eurobonds ou le rachat des dettes souveraines par la Banque centrale européenne (BCE), ou encore le renforcement du Fonds européen de stabilisation financière (FESF), appelé à prendre le nom, au printemps prochain de Mécanisme européen de stabilité (MES), pour qu’il intervienne sur les marchés et fasse baisser les taux d’intérêt.
Angela Merkel a rejeté toutes ces solutions au nom de sa lutte contre le laxisme budgétaire des membres de l’Union. Elle a au moins raison sur un point : le rachat des dettes souveraines au taux minimum doit impérativement être accompagné d’un retour aussi rapide que possible à l’équilibre budgétaire dans tous les États membres. Compte tenu d’une longue expérience de trente ans, on sait maintenant qu’entre le sacrifice et l’emprunt, les gouvernements européens préfèrent la seconde proposition.
Sortie de crise...
Mais, comme le souligne François Hollande, l’accord européen ne prévoit pas non plus la mise en place de soutiens à la croissance. Bien que celle-ci soit indispensable à la résorption du déficit budgétaire, les dirigeants réunis à Bruxelles se sont contentés d’accepter, y compris en Allemagne, des prévisions de croissance proches de zéro. Le candidat socialiste a donc exprimé un jugement sur l’accord que l’on partage avec lui. Dans un entretien avec « le Monde », Nicolas Sarkozy, le même jour, déclarait que l’accord permettait d’envisager une « sortie de crise » ; il aurait été plus crédible si l’accord de Bruxelles avait éteint l’incendie. Certes, iles marchés n’ont pas cédé à la panique, bien que l’agence de notation Moody’s ait émis des critiques contre le texte. Mais ils ne manqueront pas de réagir négativement aux alertes suivantes, qui seront forcément multiples. De nouvelles pressions seront donc exercées sur la zone euro et faudra-t-il encore un sommet pour que tombe de la bouche de la chancelière la permission tellement attendue de racheter les dettes souveraines ?
BONNE ANALYSE DE L’ACCORD SUR LE FOND MAIS FAUSSE PROMESSE
S’il est vrai que M. Hollande se moque un peu du monde quand il prétend renégocier avec l’Allemagne (en juin prochain, n’est-ce pas ?), ce n’est pas seulement parce qu’il a bien peu de chances d’obtenir de Berlin ce que M. Sarkzoy n’a pas obtenu. C’est aussi, et surtout, parce que personne ne peut dire aujourd’hui où nous en serons dans six mois. Si l’accord produit des effets bénéfiques, il serait absurde de le renégocier ; s’il n’empêche pas les accès de fièvre, il sera complété de mesures d’urgence ; si la croissance est insuffisante ou nulle, la question portera non pas sur nos relations avec l’Allemagne mais sur l’argent que nous n’avons pas pour stimuler l’activité industrielle et l’emploi.
Incontestablement, Mme Merkel l’a emporté sur le plan politique parce qu’elle a fait passer le message de l’inflexibilité : d’abord et avant tout, redresser les comptes publics. Pour le reste qui, compte tenu du risque d’explosion de la zone euro, est tout de même l’essentiel, nous n’avons eu droit qu’à de vagues allusions. La BCE rachète déjà de la dette, mais le fait discrètement et en petites quantités ; elle pourrait, si Mme Merkel regarde ailleurs, intervenir davantage. Le MES sera mieux approvisionné que le FESF. On achète et on vend de la dette par paquets énormes tous les jours sur les marchés. Les taux d’intérêt commencent à baisser, pour l’Italie en particulier. Cette situation indéfinie est celle qui plaît le plus à l’Allemagne : il n’est pas impossible, en effet, que la crise s’apaise sans que la zone euro mette en place les instrumlents d’une intervention massive.
C’est un pari dangereux et on s’étonne de ce que l’Allemagne, dont le sort économique dépend de la prospérité de la zone euro, ait décidé de prendre de tels risques. En tout, nous voilà tous, Européens de tout bord, embarqués pour un voyage fort incertain, sur une embarcation qui prend l’eau, et qui devra affronter de multiples tempêtes.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité