IL S’ENSUIT des analyses selon lesquelles les marchés décident aujourd’hui du sort des gouvernements et transcendent les consultations électorales. Beaucoup d’éditorialistes maintiennent que le projet de référendum, annoncé puis abandonné par M. Papandreou, était bon, en ce sens qu’il remettait le sort du pays au jugement du peuple. On ne répétera donc jamais assez que, si consulter la population d’un pays correspond à une démarche positive, il ne faut pas mettre un scrutin au service d’une manipulation et ne pas le rendre public après avoir approuvé un accord international qui ne le mentionnait pas. La manœuvre était tellement dérisoire que, en moins de 48 heures, l’idée du référendum était oubliée. Personne ne s’est élevé contre le référendum lui-même, tout le monde s’est indigné de son usage malhonnête.
Une question de taux.
Le marché ne décide pas de la vie et de la mort des gouvernements. Ce sont eux qui, parvenus à un endettement délétère, ont creusé leur tombe. Les dettes souveraines européennes ont été financées joyeusement par les détenteurs privés de capitaux, banques ou compagnies d’assurances, parce que le principe selon lequel un État ne peut pas faire faillite offrait une garantie que l’emprunteur privé ne peut pas donner. Le problème ne concerne pas d’ailleurs le financement de la dette mais le taux d’intérêt auquel l’argent est prêté. Silvio Berlusconi n’a pas quitté le pouvoir parce que l’Italie emprunte trop, mais parce que le taux d’intérêt qui lui était appliqué avait atteint 7 %, ce qui la rendait insolvable. En revanche, on ne voit pas pourquoi une stratégie politique, comme celle de M. Berlusconi, qui soulevait l’ironie publique de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, ou comme celle de Papandréou, qui déclencha leur fureur, ne pouvait pas effrayer les marchés. On prête ou on emprunte dans un certain climat de confiance. Le prêteur prend des risques calculés en fonction des capacités productives de l’emprunteur, mais aussi son sérieux. L’adepte du « bunga-bunga », le nostalgique de Mussolini, l’obsédé sexuel, l’auteur de plaisanteries racistes, le président du Conseil poursuivi par la justice pouvait-il être considéré comme un homme auquel on peut prêter dans l’année quelque 300 milliards d’euros ?
FACE À LA CRISE, LA FÉDÉRATION EUROPÉENNE DEVIENT INDISPENSABLE
Non seulement on est soulagé par la démission de M. Berlusconi mais on ne voit pas comment une crise de la dette aussi aiguë n’aurait pas de graves conséquences politiques. L’Italie, sous la houlette de son vieux sage, le président de la République Giorgio Napolitano, a agi raisonnablement. Ce sont des politiques, pas des technocrates, qui se sont endettés ; laissons maintenant les technocrates, comme Mario Monti, chargé de former le gouvernement italien, régler un problème pour lequel leurs compétences sont indiscutables, sinon décisives.
On ne se réjouira guère de la violence d’un incendie que les Européens peinent à contenir, mais on devine que, au delà du péril de l’incinération, se dessine une nouvelle Union, économiquement et socialement plus intégrée, parce que, comme cela est maintenant démontré, une monnaie unique n’a de sens et d’efficacité que si elle est soutenue par des structures comparables, sinon identiques. Il n’y a pas que la crise qui va vite. Les passions sont fulgurantes. Des Grecs se souviennent subitement de ce que les nazis leur ont fait subir pendant la guerre, des Français et des Italiens se dressent contre l’inflexibilité allemande. Des colères archaïques mains intenses se nourrissent de rancœurs oubliées. Des hommes politiques cachent à peine ce à quoi ils pensent : à un conflit si aigu qu’il pourrait, comme en 1914 ou en 1939, déboucher sur l’apocalypse.
Pourtant, nous avons choisi de dépasser ces réactions du premier instant et de chercher la force dans l’union. La crise a permis de montrer qu’il faut tenir compte aussi de l’immense souffrance des Grecs ; que l’industrie de l’Italie garantit son avenir ; que son déficit budgétaire n’existerait pas si elle ne devait payer les intérêts de sa dette ; que les efforts des Espagnols et des Grecs, très pénalisants, finiront très probablement par stabiliser leurs économies ; et que nous-mêmes, qui ne sommes pas dans la pire des situations européennes, avons droit à l’espoir si nous consentons à faire des sacrifices.
Avant la démission de M. Papandreou, on disait que si la Grèce quittait la monnaie unique, c’en serait fini de la zone euro et peut-être de l’UE. Quand il a évoqué le référendum, Français et Allemands ont benoîtement envisagé de laisser la Grèce abandonner un système trop contraignant pour elle. Donc, le pire n’est jamais sûr. Et s’il y a un aspect positif de la crise, c’est le succès croissant du projet fédéraliste européen.
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