POUR UN DIRIGEANT européen, garder son sang-froid ces jours-ci n’est pas facile. Si les comparaisons établies entre ce qu’il est convenu d’appeler le « printemps arabe » et l’apparition du mouvement contestaire « Los Indignados » en Espagne relève du raccourci facile, la nature de la contestation dans la péninsule ibérique et en Grèce est alarmante : les deux peuples se révoltent contre des mesures d’austérité à la fois indispensables pour réduire leurs déficits budgétaires et stabiliser leurs dettes et inacceptables, à cause des sacrifices qu’elles exigent.
L’ALTERNANCE GAUCHE DROITE NE CHANGE RIEN AU PROBLÈME DE LA DETTE
Le gouvernement de José Luis Zapatero et celui de Georges Papandréou sont socialistes. Leur politique économique, dicté par l’Union européenne et par le Fonds monétaire international, n’en suscite pas moins la colère des Espagnols et des Grecs qui ne supportent plus la paupérisation par le chômage, par la diminution des salaires et par la hausse des impôts et des taxes. Les Grecs sortent dans la rue très souvent depuis qu’a été mis en œuvre un plan de redressement draconien et, malheureusement, inefficace puisque le gouvernement n’a pas réussi à réduire le déficit, sans doute parce qu’il ne parvient pas à faire rendre gorge aux foyers riches ou aisés dans un pays où l’évasion fiscale est un sport national. En Espagne, la formation spontanée du mouvement des « Indignés » traduit le rejet des moyens traditionnels de redressement financier et à volonté farouche d’obtenir des pouvoirs publics un programme qui n’accable pas le peuple.
Gauche et droite, mêmes effets.
Quel peut être ce programme ? Il ne peut s’agir, pour la Grèce et pour l’Espagne, que d’une sortie de l’euro, du retour à une monnaie nationale et du recours à la classique dévaluation compétitive. Ce serait le commencement de la fin de l’euro, dès lors que moins de pays européens contribueraient à la monnaie unique, surtout si le Portugal adopte la même méthode. Mais si la dévaluation compétitive devient la panacée, elle serait inefficace : les leviers de la concurrence seraient les mêmes dans plusieurs pays. Il n’est pas certain qu’elle produirait des effets positifs. Il est certain en revanche qu’elle entraînerait une inflation assez élevée pour réduire encore le pouvoir d’achat. « Los Indignados » se moquent des analyses monétaires. Ils réclament des mesures moins sévères qui augmenteraient leurs revenus ou leur pouvoir d’achat ou diminueraient leurs impôts. Le gouvernement espagnol tien bon malgré sa déroute aux municipales. On ne peut pas jurer qu’il saura gérer un mouvement à la fois pacifique et tenace dont les précédents montrent qu’ils peuvent venir à bout des pouvoirs les mieux installés. L’idée que les socialistes espagnols perdront les élections législatives de mars 2012 n’apporte aucune perspective de changement : une droite victorieuse n’aurait pas d’autre choix que de poursuivre les mesures d’austérité. Sauf si l’indignation populaire se transforme en révolte ou en insurrection.
La cohésion européenne est menacée, même si le scénario révolutionnaire relève du fantasme. Il sera très difficile de convaincre les Allemands de renflouer une Grèce pour laquelle ils n’éprouvent pas une sympathie excessive. C’est pourquoi il est urgent de nommer à la tête du Fonds monétaire international un personnage de qualité qui, en coopération avec Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, parviendrait à convaincre Mme Merkel de faire encore un effort en faveur de la Grèce. Il faut bien dire toutefois que les perspectives offertes par la dette grecque sont alarmantes. Beaucoup de spécialistes pensent que le gouvernement d’Athènes ne sera pas en mesure de rembourser la totalité des sommes qu’il a empruntées et que, dans ces conditions, de nouveaux prêts (comme les anciens) seront faits à perte. On parle beaucoup de Christine Lagarde pour occuper la direction du FMI au moins jusqu’à la fin du mandat que DSK n’a pas pu terminer. Ce serait un choix judicieux, encore que la ministre de l’Économie risque de passer devant la Cour de justice de la République au sujet du pactole accordé à Bernard Tapie en dédommagement de la vente, pour un montant insuffisant, d’Adidas au Crédit Lyonnais. Une candidature de Mme Lagarde serait approuvée par l’Union européenne, mais elle risque de préparer la voie à de sérieux problèmes ultérieurs. Ce qui montre que l’affaire DSK n’est pas sans effet sur le fonctionnement de diverses institutions internationales.
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