Banyuls sur mer (66)
Dr Pierre Frances
Nous avons appris il y a quelques semaines de cela les mésaventures d’un confrère roumain qui n’a pas eu l’autorisation d’exercer.
Le conseil de l’Ordre lui a demandé une meilleure connaissance de la langue de Molière avant de débuter son exercice. Le maire du village qui avait orchestré son installation a poussé des cris d’orfraie, et a décidé de faire une grève de la faim pour que ces dispositions prises puissent être annulées.
Cette affaire met en exergue les failles de notre politique de santé.
Bien entendu, il faut être ferme et condamner l’attitude électoraliste et administrative de ce maire qui se préoccupe plus de sa réélection que du bien de sa population.
Comment peut-on accepter un praticien qui ne sait pas parler correctement la langue du pays où il doit exercer ?
Aux États-Unis, en Asie, pour travailler comme médecin, il faut (au moyen d’un examen) montrer qu’on est capable de parler convenablement avant de se lancer. De telles dispositions devraient devenir obligatoires en France, car il ne faut pas oublier que près de 70 % du diagnostic en médecine est posé à la suite d’un interrogatoire bien conduit.
L’exercice de notre profession devient de plus en plus difficile, alors refusons d’accepter la justice d’édiles assoiffés de reconnaissance, et qui ne connaissent rien à notre métier.
Depuis plus de 20 ans, l’aura du médecin a disparu au profit des agents administratifs qui nous ridiculisent et nous imposent des règles iniques.
Nous devons en bloc rejeter ces gesticulations, et appliquer l’adage : le linge sale doit se laver en famille…
Sur quelques faits politiques récents…
Les Molieres (91)
Dr Jean Hvostoff
Sous le titre de « tragédie grecque »*, on nous informe que la Grèce a dû appliquer la méthode forte pour réformer son système de santé. Mais ce système décrit comme une tragédie n’est-il pas déjà appliqué en France :
- Nombreux hôpitaux fermés.
- Équipes de soignants amputées (diminution du nombre de médecins et d’infirmières).
- Prescription des médecins de plus en plus contrôlée.
- Refus d’augmenter les honoraires des médecins et heures supplémentaires impayées (ne correspondent-ils pas à une baisse « de salaire »).
- Volonté de modifier la culture médicale.
La restructuration du système de santé en France n’a-t-elle qu’un seul but, comme en Grèce, satisfaire l’Europe et le FMI ? La France n’est-elle pas, comme osent le dire actuellement les médias, sous surveillance de Bruxelles !
Après avoir accusé les médecins généralistes d’être responsables de l’apparition d’antibiorésistance par leur prescription « excessive voire absurde » d’antibiotiques, n’accuse-t-on pas maintenant les vétérinaires (n’existe-t-il pas un projet de loi voulant leur interdire de délivrer certains médicaments et en particulier des antibiotiques) !
Mais avant d’accuser les vétérinaires de ce fait, nos hommes politiques ne sont-ils pas responsables aussi de cette surconsommation d’antibiotiques ? N’ont-ils pas permis l’implantation des élevages intensifs, en batterie dans des milieux clos, de poulets, porcs, bovins ? Pourtant ils savent que dans ce milieu clos un animal malade contaminera systématiquement tous les autres animaux de cet élevage. Le vétérinaire se trouve ainsi dans l’obligation de mettre préventivement tous le cheptel sous traitement antibiotique pour ne pas encourir le risque de son abattage en totalité.
Si la restriction de prescription des antibiotiques chez l’animal a pour corollaire le risque d’une augmentation du nombre de mise à mort des animaux malades et invendables, chez l’être humain le corollaire est actuellement une recrudescence des formes graves d’infections ORL nécessitant un séjour hospitalier avec antibiothérapie.
Pour nous faire accepter l’augmentation de nos impôts et taxes, on nous répète que c’est grâce ceux-ci que la Sécurité sociale a un budget. Je croyais béatement que son budget venait des cotisations sociales salariales et patronales et également depuis quelques années de la CSG. Il est vrai qu’avec l’explosion pharaonique du chômage et toutes les exonérations des charges sociales octroyées aux grosses entreprises, les cotisations peuvent se révéler très insuffisantes. La perte de ces recettes étant comblée par l’État et sachant que le budget de l’État provient de nos impôts, nous pouvons en conclure que l’État en nous imposant sa politique d’austérité nous met devant l’obligation de « casquer » encore plus si nous voulons garder notre Sécurité sociale.
La mainmise de l’État (étatisation) sur le système sanitaire français, est-elle une décision du gouvernement français ou l’application d’une directive de Bruxelles ? Le règne des lobbyistes et des banquiers à Bruxelles ne mène-t-il pas à une politique impitoyable de récession sur la santé, jugée non rentable économiquement puisque sans apport de dividende ?
* « Le Quotidien du Médecin » N° 9 277
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque