BART DE WEVER tire de sa force du nombre des Flamands, qui représentent 60 % de la population belge et viennent de se prononcer sans nuances pour la scission de la Belgique. Le deuxième parti est le PS d’Elio di Rupo, qui a remporté 26 sièges à la Chambre des représentants, soit un siège de moins que la NVA. Mais le parti socialiste (36 % des voix) n’existe qu’en Wallonie et M. de Wever peut s’allier avec le parti d’extrême droite Vlams (12,7 %) et la liste Dedecker (3,7 %). Cette coalition serait en mesure de gouverner. Il fallait que les frustrations flamandes fusent considérables pour que les néerlandophones se prononcent en faveur d’un mouvement séparatiste. À la crise d’identité belge s’ajoute un clivage idéologique, le populisme de Bart de Wever étant diamétralement opposé au socialisme d’Elio du Rupo. Des optimistes impénitents soulignent qu’il faudra des semaines, sinon des mois, pour former le prochain gouvernement et que, dans ces conditions, la rupture est loin d’être consommée. On voudrait les croire sans oublier pour autant que la vague séparatiste vient de loin et qu’elle se présente aujourd’hui comme une lame de fond.
Une autre crise européenne.
Ce n’est pas seulement une crise historique de la Belgique, menacée de disparaître en tant que telle et dont la résurgence en tant que fédération sera très difficilement négociable, d’autant que le cas de Bruxelles, située largement en territoire flamand, mais peuplée d’une majorité de francophones, semble insoluble. C’est aussi un nouveau coup dur porté à l’Europe : la Belgique est censée présider l’Union européenne pour six mois à partir du 1er juillet et il est bien improbable qu’elle aura alors un gouvernement. Or Bruxelles, avec le siège de la Commisison européenne et ses milliers de fonctionnaires, symbolise l’UE. L’actuelle crise de l’euro et de la dette est assez grave pour interdire des changements institutionnels ou même des déménagements dans les mois qui viennent. Bruxelles restera capitale européenne, même si elle n’est plus celle de la Belgique.
LA CRISE BELGE A ENCORE ÉTÉ MOINS PRÉVUE QUE CELLE DE L’EURO
Il est vrai que l’intégration européenne aura été, depuis 50 ans, le meilleur remède aux tentations sécessionnistes, comme il s’en manifeste en Espagne, en Belgique donc, mais aussi en Italie. Dans tous les pays de l’Union, grâce à la construction européenne, les régions s’adressent directement aux régions, sans nécessairement passer par les capitales ou par les gouvernements centraux. Voilà pourquoi la démarche flamande est non seulement excessive et dommageable, mais anachronique. Les Flamands rétorqueront que, s’ils veulent se séparer des Wallons, ils ne souhaitent pas pour autant faire bande à part en Europe et que la décentralisation à l’européenne leur offre une voie vers l’indépendance au sein de l’Union. Bien sûr, on peut tout imaginer. Mais on devine surtout la complexité de négociations visant à la séparation, notamment quand il s’agira de diviser les recettes et les dépenses budgétaires. Bien que l’on fasse crédit aux Belges, Flamands ou Wallons, de leur non-violence, on se demande si alors les négociateurs n’en viendront pas aux mains et si, dans un pays spécialisé dans les discussions interminables, la détermination des néerlandophones ne se traduira pas, à un certain moment, par un fait accompli.
Assurément, les Wallons n’ont pas accordé aux doléances flamandes l’attention qu’elles méritaient. Ils n’ont pas tort de s’indigner de la passion populiste qui s’est emparée des néerlandophones. Mais qu’elle fût justifiée ou non, elle constituait une réalité qu’ils auraient dû affronter beaucoup plus tôt s’ils voulaient empêcher une scission dont ils ont cru trop longtemps qu’elle n’avait aucune chance. De la même façon, les Européens, qui considéraient l’unité belge comme une donnée historiquement durable, auraient dû voir venir la crise sans précédent qui, aujourd’hui, plonge la Belgique dans la tourmente. Depuis l’adoption du traité de Lisbonne, rien ne se passe comme prévu : le traité, c’est clair, ne fonctionne pas ; les nouvelles institutions, loin de résoudre les problèmes, les compliquent, rien n’a été prévu pour une crise comme celle de l’euro et, aujourd’hui encore, la France et l’Allemagne ne s’entendent guère sur ce que doit être une nouvelle gouvernance économique de l’Europe. Un pays de l’Union se casse comme un navire sur un iceberg et l’Europe elle-même craque sous la pression énorme de la crise financière.
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