En France, le Dronabinol (Marinol, commercialisé par AbbVie) est le seul cannabinoïde à avoir bénéficié d'une autorisation temporaire d'utilisation dans le traitement de la douleur résistante aux traitements standards, dans le traitement des neuropathies, des nausées et perte d'appétit des patientes atteints d'affections longue durée, et du traitement symptomatique de la maladie d'Unverricht-Lundborg ou du syndrome de Gilles de la Tourette.
L'obtention d'une prescription de ce médicament passe par une demande individuelle à introduire auprès de l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « J'en ai prescrit à 2 reprises mais les ATU ont été refusées les deux fois », raconte au « Quotidien » le Pr Alain Serrie chef du service de médecine de la douleur de l'hôpital de Lariboisière (AP-HP), qui avoue ne pas connaître de spécialiste de la douleur suivant des patients sous Marinol.
« Le formulaire n'est pas très compliqué à remplir mais nous introduisons très peu de demandes car nous manquons un peu de littérature et nous savons qu'elles sont filtrées de manière draconienne. Il s'agit de patients atteints de douleurs neuropathiques centrales ou périphériques chez qui les traitements ne fonctionnent pas suffisamment et à qui nous voulons éviter une perte de chance », poursuit le Pr Serrie. Depuis 2005, environ 350 patients ont été traités par Marinol depuis 2005 - ils étaient déjà 119 en 2005. Selon l'ANSM, les « demandes d'autorisation sont évaluées au vu des données cliniques présentées sur la pathologie du patient, ses antécédents et les traitements actuels et précédemment administrés ».
Sativex, négociations en cours
Le Sativex a connu un destin différent, puisque toutes les demandes d'ATU le concernant ont été repoussées, et ce n'est qu'en janvier 2014 qu'une autorisation de mise sur le marché (AMM) a été directement accordée par le ministère de la santé, environ 3 ans après l'AMM européenne. Le médicament n'est pas disponible pour autant puisque les négociations n'ont toujours pas abouti entre le laboratoire Almirall, qui commercialise le Sativex et le conseil économique des produits de santé (CEPS).
Le laboratoire a proposé une baisse de 20 % par rapport aux autres prix européens qui est de 440 euros pour un mois de traitement, avec un prix dégressif sur 3 ans et une enveloppe fermée de 10 millions par an, ainsi que l'engagement de fournir tous les demandeurs et d'une clause de revoyure. Ces conditions ont été jugées irrecevables par le CESP qui s'appuie sur l'avis de la commission de la transparence de la HAS, qui a conclu à un service médical rendu faible et une absence d'amélioration du service médical rendu.
Faute de solutions, certains médecins ne dissuadent pas les patients qui utilisent du cannabis pour soulager leurs douleurs, comme le confirment plusieurs témoignages recueillis notamment sur « lequotidiendumedecin.fr ». Le Pr Patrick Vermersch, neurologue au CHRU de Lille est explicite : « Quand un patient atteint de sclérose en plaque vient me dit qu'il veut fumer du cannabis, je le lui déconseille, mollement car je suis en face d'une personne qui souffre. Mais je lui explique que l'efficacité du cannabis sur la spasticité est très discutée et que les pics de THC risquent de générer une dépendance. »
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