DE NOTRE CORRESPONDANT
ENGAGÉ DANS UNE sévère politique d’austérité depuis son arrivée aux affaires il y a près de 4 mois, le nouveau gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy a annoncé un plan d’économies supplémentaires de...7 milliards d’euros dans le secteur de la santé, dans le cadre du budget le plus rigoureux jamais adopté dans ce pays. Présenté à la fin d’une réunion des responsables de la santé dans les 17 régions autonomes, et adopté le 21 avril par le conseil des ministres à Madrid, ce plan prévoit notamment que la part du prix des médicaments à la charge des patients passera de 40 % à 50 % et même 60 % pour les plus hauts revenus quand la prescription sera faite par un médecin travaillant pour la Sécurité sociale.
La gratuité des médicaments resterait accordée aux chômeurs. En revanche, les immigrés illégaux sont exclus de la prise en charge médicale générale à l’exception des urgences, des soins de maternité et aux enfants. Surtout, les retraités, qui bénéficiaient jusqu’à présent d’une gratuité totale des médicaments délivrés sur ordonnance, devront désormais, en fonction de l’importance de leur retraite, payer 10 % ou 20 % de leur prix. La gratuité n’est maintenue que pour ceux qui bénéficient d’une allocation « non contributive ». Enfin le plan prévoit de renégocier certaines conventions signées avec d’autres pays européens pour lutter contre ce que l’on appelle en Espagne le « tourisme de santé » et offrir à ces étrangers « uniquement les services que les Espagnols peuvent recevoir dans ces pays ».
Une réforme difficile à appliquer en région.
Pour Mariano Rajoy, il s’agit de décisions douloureuses « que personne ne peut prendre de gaîté de cœur, mais qui n’en sont pas moins absolument indispensables et nécessaires » pour l’Espagne.
Pourtant ce plan d’économies, défendu par la ministre espagnole de la Santé Ana Mato, ne fait pas l’unanimité parmi les administrations qui seront chargées de l’exécuter. En Espagne, le système public de santé est en effet complètement décentralisé au niveau des 17 régions qui mènent leur propre politique de santé. Ainsi la responsable de la santé au sein du gouvernement socialiste de l’Andalousie, Maria Jésus Montero, a exprimé son « opposition frontale » à ces mesures qui selon elle « reportent sur les retraités et sur les travailleurs en activité le paiement de la crise ». Quant au porte-parole du gouvernement de la Catalogne, Francesc Homs, il a déjà affirmé que les décisions prises par le ministère « ne sont pas suffisantes pour garantir la viabilité du modèle » publicespagnol. C’est la raison pour laquelle cette importante région espagnole, gouvernée par les indépendantistes catalans du centre droit, maintiendra la taxe d’un euro par ordonnance qui avait été votée en mars dernier par le Parlement catalan.
De surcroît, pour calculer le nouveau taux de contribution correspondant à chaque patient, il faudra intégrer leur situation fiscale à une nouvelle carte électronique de santé individuelle, ce qui soulève des difficultés techniques et même juridiques (protection des données informatiques). Or, à Madrid, on rappelle que l’histoire clinique de chaque espagnol, qui devrait être consultable depuis des années à partir de tous les centres de santé rattachés à la Sécurité sociale, n’est toujours pas généralisée, parfois même à l’intérieur d’une région...
La mise en place de ces mesures, assurément complexe, intervient à un moment où les professionnels de la santé sont également soumis à des pressions sur leurs conditions d’exercice. C’est le cas par exemple des médecins travaillant pour la Sécurité sociale dans la région de Madrid, dont la semaine de travail est passée au début de 2012 de 35 à 37 heures et demi. Des professionnels qui soupçonnent maintenant l’administration régionale de vouloir réduire leurs salaires de 5 %.
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