ON COMMENCERA par l’inévitable scepticisme qu’inspire la démarche du chef de l’État : non seulement sa politique d’immigration et de sécurité, poussée à des extrêmes qui soulèvent un sérieux malaise dans l’opinion, est partiellement inefficace, mais elle est marquée au sceau de l’électoralisme ; son bilan est mitigé par la force des choses (on ne réussit pas tout ce que l’on entreprend) ; son soudain virage social correspond plus à une tardive prise de conscience des problèmes réels du pays qu’à une volonté de jouer les intérêts des salariés contre ceux de leurs employeurs. M. Sarkozy imite le Front national pour le défaire, reprenant de la sorte sa tactique de 2007 qui ne peut pas produire les mêmes résultats en 2012 et ne vaut pas, aux yeux des électeurs du Front, la marque originale. Il veut maintenant prendre la gauche de court, alors que, en matière de justice sociale, elle semble plus crédible aux yeux des électeurs.
Vieillissement et usure.
Le sarkozysme a vieilli, est usé, ne convainc plus parce que le président a exagéré ses postures dès le début de son mandat. Certes, il a mis une sourdine à ses extravagances, il jure qu’il a changé, mais il n’a pas empêché de creuser le fossé qui sépare son bonheur personnel de la détresse populaire. Dans le document consacré à son bilan, il veut prouver à ceux qui ne veulent plus l’entendre qu’il a été utile au pays. La fraction du peuple capable d’approfondir l’analyse ou insensible aux sirènes de la presse, trop heureuse de se livrer au « Sarko bashing », expression anglaise à la mode, admet que des réformes ont été entreprises, que la crise financière puis économique a eu en France moins d’effets pervers qu’ailleurs, que la technique téméraire qui consistait d’abord à aggraver les déficits pour soigner les plaies sociales et ensuite s’attaquer aux mêmes déficits, n’était pas la moins judicieuse. Pour autant, gagne-t-on une élection en déclarant que, si la situation est grave, elle eût été pire sans les mesures de M. Sarkozy ?
M. SARKOZY N’A PAS ENCORE PERDU LA BATAILLE
Mais on ne va pas lui jouer la sérénade du désespoir. D’abord, il est impossible de désespérer cet homme qui, en dépit de tout le mal que l’on dit de lui, croit qu’il a toutes ses chances en 2012, malgré une calamiteuse cote de popularité. Ensuite, M. Sarkozy a une carrure politique fondée à la fois sur ses victoires (moins rares qu’on ne l’affirme), son expérience, sa connaissance remarquable des dossiers, sa volonté farouche, cette énergie que n’entame aucun de ses nombreux revers. Il fera en sorte de prétendre que les Français n’ont pas d’autre choix que de le réélire. Il montrera qu’à droite, aucun homme politique ne lui arrive à la cheville, même pas Jean-Louis Borloo (lequel entend engager une stratégie non pas pour le premier tour, mais pour l’emporter contre la gauche et les écologistes au second tour). Il expliquera que, en dépit de ses laborieux efforts pour mettre en place un programme de gouvernement, pour désigner un candidat irréfutable, pour associer le souci de la sécurité à ses projets sociaux, la gauche risque, surtout si elle n’est pas représentée par Dominique Strauss-Kahn, de mettre la France en porte-à-faux par rapport à la mondialisation et à la cruelle réalité de la compétition économique entre les nations.
Croire ou ne pas croire.
Il n’hésitera pas à souligner ce danger, vrai ou faux, surtout s’il est acculé. Même Alain Juppé, l’homme de tous les équilibres, a récemment lié sa coopération active avec M. Sarkozy aux craintes que lui inspire l’éventualité d’une victoire de la gauche. Chez nous, la guerre civile n’est jamais terminée. En 2012, plus que jamais, et parce que M. Sarkozy a durci son discours sur la sécurité et l’immigration, en pillant sans vergogne les idées du Front, le clivage sera encore plus profond que naguère. Pour que la majorité dite silencieuse vote Sarkozy en 2012, il faudrait qu’elle ne croie pas à son flirt avec l’extrême droite et qu’elle le croie quand il veut que les entreprises redistribuent aux salariés une partie de leurs bénéfices. Il faudrait qu’elle reconnaisse que son bilan n’est pas négatif. Il faudrait qu’elle admire son leadership international, qui ne relève pas des priorités populaires. Il faudrait qu’elle admette ce que les ouvriers auxquels M. Sarkozy rend si souvent visite ne croient pas : qu’il va vraiment les aider.
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