Donald Trump a modifié les règles. La participation des experts scientifiques, du moins ceux sans conflits d'intérêts, aux décisions de l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) en est très largement réduite. La porte est désormais plus que grande ouverte aux industriels.
Les pneumologues américains, très inquiets des conséquences sur la santé de la population de cette politique tirent la sonnette d'alarme. Et l'American Thoracic Society (ATS) a pris officiellement position. Elle s'oppose à la nouvelle réglementation régissant le fonctionnement de l'EPA. Une conférence de presse était consacrée à cette prise de position au cours de son congrès.
Affaiblissement programmé
« Les données sur l'importance de l'environnement, en particulier la qualité de l'air, sur les exacerbations, la survenue et le développement de pathologies respiratoires, s'accumulent. Dans ce contexte, l'affaiblissement programmé de l'EPA est de fort mauvais augure. Ses conséquences ne seront pas limitées aux seuls États-Unis. L'EPA est l'organisme le plus suivi au niveau international. Ses rapports et recommandations sont largement repris par d'autres organismes nationaux », résume Stephen Crane, directeur exécutif de l'ATS. Ce mauvais sort fait à l'EPA pourrait donc influencer la politique environnementale sur la qualité de l'air bien au-delà les frontières américaines.
« Nous souhaitons que l'EPA qui a déjà fait, depuis des années, un travail considérable en matière d'établissement de normes, que ce soit sur le taux d'ozone ou celui des microparticules, poursuive, à la lueur des études récentes, la réunion des experts pour, continuer à améliorer et mettre à jour ces normes. D'autant qu'elles devraient être révisées à la baisse, en particulier en ce qui concerne les taux de particules pour mieux protéger la population. Nous demandons aussi à l'EPA de reconnaître clairement que plus le niveau de pollution est réduit, meilleure est la santé cardiovasculaire et respiratoire des populations. Peu importe de quel niveau de pollution (taux de particules) on part, plus l'air est propre plus il est sain », assène le communiqué de l'ATS.
Or la nouvelle administration de l'EPA se propose de modifier l'estimation du rapport bénéfice risque d'un air propre, c’est-à-dire d'évaluer de manière incorrecte les bénéfices. Le but non avoué étant bien entendu de sous-évaluer ce bénéfice et revenir à d'anciennes normes. En bref, l'EPA s'apprête à non seulement ne pas améliorer les normes mais… à les dégrader.
L'ATS profite aussi de ce communiqué pour souligner l'impact particulièrement délétère de la pollution de l'air sur les enfants. Leurs poumons étant en développement, les protéger de cette pollution aura en effet des effets à long terme. Au-delà de la santé actuelle des populations, c'est donc aussi leur avenir qui est en jeu.
Au congrès de l'American Thoracic society (ATS), 2018. Conférence de presse présidée par le Pr Stephen C. Crane (directeur exécutif de l'ATS) réunissant les Pr Mary Rice (Beth Israel hospital, Harvard), George Thurston (NYU school of medicine, New York) et Ed Avol (ancien membre du comité scientifique « Qualité de l'air » de l'EPA).
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