GEORGES TRON n’a cessé, depuis le dépôt des deux plaintes, qui datent seulement du 25 mai, de clamer son innocence. La politique a, malheureusement pour lui, des raisons, que la présomption d’innocence ne connaît pas. Le gouvernement de M. Fillon ne pouvait accepter en son sein un homme accusé d’attouchements sexuels après qu’il eut raillé la gauche pour avoir constamment revendiqué une « supériorité morale » que l’affaire Dominique-Strauss-Kahn a anéantie. On saura un jour ce que la justice en pense, mais on a compris qu’un soupçon pèse sur les hommes politiques, tous, ou presque, étant considérés comme des « dragueurs » impénitents qui ne parlent de l’égalité des sexes en public que pour mieux la bafouer en privé, en tirant parti de leur position naturellement dominante sur les femmes qui gravitent autour d’eux à titre professionnel.
C’est peut-être vrai. C’est en tout cas ce que l’on répète à satiété dans le tout-Paris où il est de bon ton de manifester en toute circonstance son cynisme, dernière forme achevée de l’intelligence du journaliste averti. Ceux qui voudraient attendre les décisions de la justice avant de juger un homme, ceux qui ne veulent pas courir le risque d’écarter la présomption d’innocence, ceux qui croient qu’il y a une différence entre le mâle d’aujourd’hui et celui de Cro-Magnon en seront pour leurs frais et recevront stoïquement les quolibets qu’on leur adresse, pourvu qu’ils puissent continuer à défendre et la présomption d’innocence et le secret de l’instruction, joyeusement piétinés par les médias, la justice et les avocats.
Les révélations vont se multiplier.
On s’étonnera de ce que des femmes, fussent-elles aux ordres du maire, acceptent de lui un « massage de pieds » fourni gracieusement par cet adepte de la « réflexologie ». Pour autant, on ne reprochera pas aux deux plaignantes (une troisième devrait les rejoindre) de porter plainte des années après les faits. Elles ont compris que l’affaire DSK a complètement changé le climat en faveur des féministes et qu’elles ont plus de chances d’obtenir réparation morale aujourd’hui que naguère. On ne niera pas davantage, compte tenu des précédents multiples de binômes désastreux sexe et politique que les cas où le pouvoir qu’un homme incarne est mis au service de ses pulsions sexuelles sont nombreux, que nous ne les connaissons pas tous et qu’ils vont être révélés l’un après l’autre, ce qui alimentera les dérives d’Internet et les délices d’une presse égrillarde. On dirait qu’il est temps de faire le ménage si l’on n’avait le profond sentiment qu’un homme politique français serait fou ou inconscient s’il persévérait dans une conduite répréhensible en dépit du châtiment, déjà très cruel, que subissent DSK et, dans une moindre proportion, Georges Tron. Le mal va donc disparaître de lui-même.
On note seulement qu’un homme politique ne doit plus être puni par la justice pour expier ses fautes. Il suffit qu’il soit accusé. Ce qui change en profondeur ce que l’on appelle la jurisprudence Balladur, en vertu de laquelle un ministre doit démissionner quand il est mis en examen. Il s’agit déjà d’un sévère protocole puisque la mise en examen n’entraîne pas nécessairement la condamnation. Les cas existent dans les annales, de Dominique Baudis à Gérard Longuet en passant par Roland Dumas, de personnages innocentés après avoir été cloués au pilori.
POUR DEVENIR MINISTRE, IL FAUT AVOIR ÉTÉ UN SAINT TOUTE SA VIE
Voilà que la nouvelle doctrine durcit encore les conditions pratiquement aseptisées dans lesquelles un ministre doit exercer ses fonctions. Comment ne pas être partagé entre le souci exprimé par les féministes (ou tout simplement le respect des lois) et la crainte d’un gaspillage des talents ? Nous n’avons sûrement pas besoin de dirigeants « impurs » mais pas davantage d’idiots. C’est un peu ce que essayions d’expliquer hier en souhaitant l’élection de Christine Lagarde à la tête du FMI. Nous ajouterons que, s’il est hautement souhaitable que, toute personne, homme ou femme, se comporte avec décence tout au long de sa vie, même quand il ou elle ne s’est pas hissé(e) au niveau de la célébrité, on ne peut pas savoir à l’avance si un jour on deviendra ministre ou un personnage haut placé. Dès lors, ce qui peut n’être que broutille de jeunesse (on a reproché à Bill Clinton d’avoir fumé de la marijuana quand il était étudiant) devient un immense scandale quand on a acquis assez de maturité et d’expérience pour exercer d’importantes fonctions. On ne parle pas ici de M. Tron, accusé par des assistantes pour des faits commis une époque où il était déjà maire de Draveil (Essonne), mais de tous ceux qui ont eu une vie agitée avant d’être intronisés. Il n’est pas rare que les philosophes ou les psychanalystes établissent un lien entre la violence d’un jeune révolté par l’état du monde et la compétence qu’il a acquise vingt ou trente ans plus tard. Mais là, on s’écarte du cas de M. Tron.
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