Chef du Parti de gauche, qu’il a créé le 1er février 2009 après avoir quitté le PS, Jean-Luc Mélenchon se présente comme le principal détracteur d’un système qu’il juge profondément inégalitaire, que les socialistes se refusent à récuser et que les communistes, de plus en plus rares, contestent seulement par la parole. M. Mélenchon a réussi à se rendre audible, certes en élevant la voix, mais aussi parce qu’il a un discours qui convient à tous les laissés pour compte ; et qu’il l’alimente en puisant dans sa vaste culture politique, économique et sociale. Ce n’est pas à proprement parler un bateleur ; c’est plutôt un homme sincèrement indigné qui ne mâche pas ses mots, lesquels relèvent d’un vocabulaire élaboré et enrobé dans une parfaite syntaxe. Toutes ces qualités sont malheureusement gâchées par un très mauvais caractère qui l’incite, sous prétexte de dénoncer les hypocrites convenances d’une société cruelle, à agresser, verbalement du moins, ceux qui, par contrainte professionnelle, sont amenés à lui poser des questions. Sa sincérité, son très vif sentiment d’injustice et sa colère sont exprimées dans un ouvrage intitulé « Qu’ils s’en aillent tous ! », slogan qui résume son projet de faire du passé table rase et de construire une nouvelle République.
Les divisions de la droite.
Sa prétention à s’emparer des voix communistes semblait excessive : venu du trotskisme, mais fortement impressionné par François Mitterrand, M. Mélenchon a réussi à tourner une longue page historique qu’un conflit inexpiable entre Staline et les trotskistes a ouverte et qui a abouti à l’assassinat de Léon Trotski en 1940 au Mexique par un tueur, Ramon Mercader, dépêché par le maître du Kremlin. Pourquoi les communistes français confient-ils leur destin immédiat à un homme qui se réclame, peu ou prou, d’un credo opposé au leur ? Parce que les temps ont beaucoup changé, bien sûr, mais aussi pour préserver les chances des candidats que le PC présentera aux législatives de l’année prochaine.
M. Mélenchon semble croire que ses idées passent, qu’en roulant vers 2012, il amasse la mousse des suffrages, et qu’il pourrait faire un tabac. Il n’en est rien. Les sondages lui accordent au maximum 6 % au premier tour. Son aventure se terminera en mai prochain. S’il est parvenu à rassembler des électeurs qui se situent à la gauche de la gauche, ce qui n’est pas négligeable, une croissance plus élevée du nombre de ses partisans fait courir au (ou à la) candidat(e) socialiste ce danger mortel qui a écarté Lionel Jospin de la politique en 2002.
LA VICTOIRE DE MÉLENCHON NE SUFFIRA PAS À TROUBLER LE JEU À GAUCHE
Il ne faut considérer cette hypothèse qu’avec componction. L’an prochain, c’est la droite qui est menacée par ce que l’on appelle un 21 avril (2002) à l’envers. Depuis que Dominique Strauss-Kahn s’est pulvérisé lui-même, Nicolas Sarkozy n’a pas bénéficié d’une amélioration sensible de sa cote de popularité. C’est précisément sa très médiocre performance, de l’ordre de 30 % (entre 20 et 22 % au premier tour), qui nourrit les ambitions de ses rivaux, Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin, lesquels devraient admettre que leur candidature probable n’aura pour effet que d’éliminer la droite républicaine après le premier tour. Or, pendant que les écologistes, quoique profondément divisés depuis qu’Eva Joly est concurrencée par l’irruption de Nicolas Hulot dans la campagne, préparent avec les socialistes un programme de gouvernement, la droite ne cesse de se morceler, phénomène que le Premier ministre, François Fillon, déplore mais ne parvient nullement à enrayer. Pour le moment, c’est-à-dire six mois avant que le président n’entre en campagne avec son talent, sa dynamique et son infatigabilité légendaire, tout va mal pour la droite, handicapée par une Marine Le Pen capable d’obtenir un pourcentage de voix sensiblement comparable à celui de M. Sarkozy. C’est la particularité de ce pays de se situer à droite pour près de 60 %, mais d’envoyer parfois la gauche au pouvoir par dépit ou parce qu’il y a trop de droites.
On ne voit pas comment M. Sarkozy pourrait convaincre l’opiniâtre Jean-Louis Borloo de renoncer à ses ambitions ni comment il pourrait dissuader Dominique de Villepin de se présenter, alors que l’ex-Premier ministre lui réserve un chien de sa chienne. Si la droite n’est pas en capacité de l’emporter l’année prochaine, l’enjeu le plus important consistera, pour les Français (plus exactement les socialistes) de choisir aux primaires entre Martine Aubry et François Hollande. Tous les deux sont de bons candidats mais ils ne feraient pas du tout la même politique.
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