François Hollande commence son mandat par une double contradiction. Il renonce à abolir la réforme des retraites lancée par le gouvernement de François Fillon. On se souvient que Martine Aubry (mais, il est vrai, elle n’est pas présidente de la République) avait juré le retour pur et simple à la retraite à 60 ans. Surtout, M. Hollande engage une nouvelle dépense dans un pays criblé de dettes, dont la population perd du pouvoir d’achat chaque semaine mais dont les salaires nets vont baisser. Il est facile de relativiser la hausse des prélèvements sociaux qu’exige cette nouvelle réforme des régimes de retraite. Cependant, ses conséquences sont essentiellement psychologiques : un signal est adressé aux Français qui témoigne de la négation de vérités indiscutables, espérance de vie plus longue, bonne qualité de vie des seniors, impossibilité croissante de financer les retraites par les prélèvements sociaux sur les revenus des actifs.
Au lendemain de la décision du gouvernement, Benoît Hamon, ministre de l’Économie sociale et solidaire, a promis que, dans les prochaines semaines, tout serait mis sur la table, l’idée de prolonger les carrières jusqu’à 67 ans, la mise à contribution des revenus du capital. Il ne s’en est pas moins félicité de la « reconquête sociale » dont vont bénéficier 110 000 Français chaque année. On ne peut pas dire vraiment que la cohérence étouffe le gouvernement. Est-ce que, à la rentrée, on va faire voter une loi qui repoussera d’un an ou deux l’âge légal de la retraite ? Et, dans ce cas, les fameux 110 000 devront-ils attendre un ou deux ans de plus ? Pendant que l’on célèbre la « justice sociale » par de lyriques envolées, les déficits et la dette nous ramènent à une réalité que personne ne peut ignorer : un retraité qui part un an plus tard à la retraite permet à la société de faire doublement des économies. D’une part parce qu’il continue à cotiser, donc à alimenter les réserves des régimes. D’autre part, parce que, pendant un an, il ne prélève pas un euro de ces fonds.
Et les régimes complémentaires ?
En outre, le retour partiel à la retraite à 60 ans a été mis en œuvre sans que le gouvernement se soit préoccupé des régimes complémentaires. Leur financement à l’horizon 2020 est des plus incertains. Beaucoup de ces salariés qui vont bénéficier de la retraite à 60 ans puiseront dans ces régimes. Cette perte additionnelle n’est pas financée pour le moment. Il serait pourtant logique que les actifs cotisent davantage pour assurer les versements de ces retraites inattendues. Le pouvoir vient d’ouvrir une boîte de Pandore, alors que la réforme du gouvernement précédent permettait d’entrevoir un retour à l’équilibre de tous les régimes par une augmentation progressive de la durée des carrières. Il ne s’agit pas là de petites économies. C’est en dizaines de milliards d’euros qu’elles se chiffrent. En fait, la réforme Fillon a été le premier pas, et pas des moindres, vers un équilibre des comptes publics. Tout le monde, la Cour des comptes, la Commission européenne, le FMI, la plupart de nos partenaires européens, a encouragé la France à approfondir la réforme des retraites et à améliorer la compétitivité des entreprises françaises par un transfert des cotisations sociales vers la TVA. Le gouvernement, dans ces deux domaines, a choisi de faire exactement le contraire. La justice sociale, nous la paierons cher, et pas plus tard que cette année,
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